Privatisation : Wahl et le gouvernement accélèrent

Le 29 août dernier Philippe Wahl annonçait aux fédérations syndicales que le gouvernement allait proposer une modification de la Loi postale afin d’enclencher le rapprochement entre la Poste et la CNP Assurances (Caisse Nationale de Prévoyance). À la suite de cette modification, et d’ici à 18 mois, l’État ne sera plus l’actionnaire majoritaire de La Poste. Par un jeu de meccano financier, la CDC (Caisse des Dépôts et Consignations) cédera ses parts de la CNP à la Poste. La CDC montera en contrepartie au capital de La Poste, devenant par là même actionnaire majoritaire.

Au-delà des discours qui se veulent rassurants sur la création d’un « pôle financier public » ou sur le développement de l’action territoriale, il s’agit en réalité, par cette opération, de poursuivre et d’amplifier la stratégie de La Poste de développement à l’international en apportant des fonds propres supplémentaires pour investir dans des entreprises du secteur de la logistique et du colis à l’étranger. Ainsi, ce sont environ 6,5 milliards d’euros qui seront apportés au capital de La Poste, via l’apport des parts de le CNP détenues par la CDC.

6,5 milliards qui, bien évidemment, ne serviront pas à financer le service public. On peut prendre comme exemple le secteur de la dépendance, dans lequel La Poste investit également, mais uniquement pour faire des bénéfices, en participant à la marchandisation d’activités qui relèvent des missions de service public envers les usagers. Cette somme ne sera pas plus utilisée pour augmenter nos salaires, qui stagnent depuis des années alors le coût de la vie augmente. Par contre, le groupe La Poste aura connu une transformation en profondeur, touchant ses activités de base (celle-ci a déjà commencé), en laissant sur le carreau celles et ceux qui le font vivre depuis des années.

Cette stratégie de développement à l’international est pourtant hasardeuse, l’exemple de la poste hollandaise qui a fait ce pari il y a dix ans (et qui s’y est cassé les dents) le prouve. Les postier-es et les usagers seront les dindons de cette farce : suppressions massives d’emplois et fortes dégradations des conditions de travail, fermetures des bureaux de poste, financiarisation et bancarisation, renoncement au service public... Et si cela ne suffit pas et qu’il faut toujours plus de fonds, il ne restera plus qu’à commencer à ouvrir le capital de La Poste aux investisseurs privés. La boucle est bouclée !

Dès 2010, SUD avait alerté sur ce processus de privatisation rampante qui se mettait en place au moment de la transformation de La Poste d’EPIC (Établissement Public à caractère Industriel et Commercial) en Société Anonyme (SA) à capitaux publics avec l’État comme actionnaire majoritaire. À l’époque, nous l’affirmions déjà, ce passage en SA était la voie royale vers une privatisation totale. C’est pourquoi nous avons alors mené la bataille contre ce changement de statut (votation citoyenne, mobilisations...) en expliquant les conséquences à venir. Aujourd’hui, les faits nous donnent raison, et ce rapprochement avec la CNP via la CDC est une nouvelle étape. Demain l’État ne sera plus actionnaire majoritaire, et après-demain ?

SUD réaffirme son opposition à tout projet de privatisation, même partielle. Ce sont au contraire un service public postal de qualité, des emplois qualifiés en nombre et rémunérés en conséquence, un vrai réseau de proximité de bureaux de poste de plein exercice qu’il faut. SUD continuera à se battre pour les personnels et les usagers !

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