Un médecin condamné pour agressions sexuelles : l’arbre qui cache la forêt ?
23/11/2020Le 20 octobre 2020, le tribunal correctionnel de Tours condamne un médecin du travail d’Orange à un an de prison avec sursit pour agressions sexuelles et harcèlement sexuel dans l’exercice de sa fonction. Il avait été quelques mois auparavant sanctionné par le Conseil de l’Ordre pour les agressions, puis licencié pour harcèlement sexuel.
Des faits...
Dès 2013, des salariées titulaires mais surtout de jeunes alternantes de l’AGpro et du SCO avaient été choquées de leur visite d’embauche, premier contact avec la médecine du travail pour la plupart d’entre elles, et s’en étaient ouvertes à des militant. es de SUD.
Suite aux alertes pour danger grave et imminent à la Direction, à l’Inspection du travail et aux enquêtes par deux CHSCT, la réaction de la Direction - dont le DRH* avait accusé nos militant.e.s de salir la réputation du médecin - s’est avérée insignifiante : un entretien de pseudo-cadrage avec le médecin incriminé et l’engagement de ne pas continuer les mêmes pratiques. Alors même que des faits similaires avaient déjà été découverts lors de son précédent poste dans le Nord !
... Répétés !
Lorsqu’à nouveau, en 2018, des salariées se plaignent d’attouchements sur les seins lors des visites de santé au travail, nos militant.es se ré- attèlent à la tâche. La détermination d’une récente victime, salariée plus ancienne et ex-adhérente d’un autre syndicat épaulée par nos militant-es, sera capitale. Les militant-es SUD ont, dans la durée, conseillé et accompagné le combat des plaignantes, que ce soit dans les rencontres avec l’Inspection du Travail, dans le soutien à leur plainte au Conseil de l’Ordre et à leur plainte pénale consécutive à la poursuite par le procureur. L’interpellation de la Direction durant la période 2018 et 2019 trouve un écho moins complaisant qu’en 2013-2014... sans action concrète cependant !
Un sexisme systémique !
Ce même DRH* (qui sévit maintenant à la DOGSO) déclarait à l’époque, devant Mme Egalité Pro d’Orange Groupe, qu’il trouvait « démesurés les budgets spécifiques de promotion des femmes, et n’en a utilisé aucun. »
Une illustration du continuum entre sexisme ordinaire et violences sexuelles, le premier jetant un voile pudique sur les secondes, dans une solidarité masculine des dominants.
La direction réagit, enfin !
En septembre 2019, l’une des trois infirmière de l’équipe chapeautée par le médecin s’est plaint des agissements de ce dernier. Ce n’est qu’à ce moment là qu’Orange s’est saisie de l’occasion pour se débarrasser d’un
problème de plus en plus gênant et a décidé de licencier ce médecin. Enfin la direction passe à l’action : déclenchement d’une enquête par un cabinet externe présenté comme indépendant, rapport rendu fin octobre 2019, recueil d’avis du CSE de la DOGO mi-novembre 2019 qui rend un avis unanime pour le licenciement. Pas de références aux visites médicales, pour éviter une invalidation du licenciement car l’employeur n’est pas légitime à apprécier la pratique médicale. Cela relève du Conseil de l’Ordre et du Médecin Inspecteur du travail saisi par l’Inspection du Travail. Le rapport de celui-ci a permis les poursuites pénales des plaintes des victimes.
Octobre 2020 : Négociation du nouvel accord Egalité Professionnelle Femme-Homme, Orange propose... de baisser ses objectifs de recrutement de femmes, faute d’avoir su atteindre ceux définis en 2018 ! On aimerait que ce soit pareil pour les objectifs des salarié·es.
Puisque chez Orange on communique qu’on n’est pas sexiste, cela devrait suffire, non ?
Là aussi, les équipes militantes de SUD continuent à veiller au grain et se réjouissent de l’intersyndicale qui se met en place après 4 rounds de négos devant une Direction enfermée dans ses certitudes.
C’est un très important point d’étape dans la lutte contre les violences faites aux femmes au travail. Et c’est grâce à la persévérance de militant·es de SUD PTT qui avaient déjà dénoncé les faits en 2013 auprès de la Direction.