Sans-papiers à La Poste : l’exploitation continue !

De juin 2019 à janvier 2020, plus d’une centaine de travailleurs sans-papiers ont mené une lutte pour exiger leur régularisation, et notamment celle de 27 d’entre-eux, employés à la plate forme colis Chronopost à Alfortville. Sept mois de lutte, sept mois d’occupation et une remarquable organisation des sans papiers par eux même.

Durant toute cette période, l’attitude de la direction de La Poste n’a pas varié. Elle n’a cessé de déclamer sur tous les tons que ces travailleurs n’appartenaient pas au groupe, donc que ce dernier pouvait se dégager de toute responsabilité. Pire nos dirigeants, droits dans leurs petits mocassins, ont menti en se disant victimes du système de sous-traitance, et en déclarant qu’ils n’étaient pas informés du statut de sans-papiers de nos collègues.!

La Poste coupable, pas victime

En réalité les dirigeants de Chronopost et du groupe La Poste ne sont pas victimes, mais bien bien pleinement coupables. Le système de sous-traitance en cascade (des salariés employés par des agences d’intérim travaillant pour le compte de Chronopost), ce sont eux qui l’ont mis en place, eux qui en profitent. Quand il s’agit de dégager du profit en exploitant des travailleurs sans droits, sans possibilité individuelle de se défendre, La Poste, comme n’importe quel patron voyou, ne recule devant rien.La preuve, elle a été condamnée en appel, en septembre 2020, pour prêt illicite de main-d’œuvre, suite à la mort par noyade d’un salarié non-déclaré, employé par un sous-traitant de Coliposte. Alors qu’il était entre la vie et la mort à l’hôpital, c’est un cadre de La Poste, suite à un ordre de sa hiérarchie, qui avait établi à la hâte une déclaration d’embauche. Aujourd’hui ce sont des travailleurs sans-papiers de DPD (une autre filiale de La Poste dans le secteur du Colis), victimes eux aussi de la sous-traitance en cascade, qui demandent à être régularisés... Tout simplement pour pouvoir travailler dans les mêmes (mauvaises) conditions que les autres travailleurs de l’entreprise.

Ensemble contre nos exploiteurs !

Leur combat doit être celui de toutes les postières et de tous les postiers du groupe. Pas simplement parce que c’est une question de justice élémentaire, mais aussi parce que c’est notre intérêt. Philippe Wahl, PDG de La Poste, a déclaré il y a quelques mois, au sujet de l’usage de la sous-traitance au Colis : « Si nous avions les conditions sociales des facteurs transposées sur tous les salariés de Chrono-post, Chronopost disparaîtrait ». Bel aveu ! Mais P. Wahl ne dit que la moitié de ce qu’il pense. En réalité il veut, lui et les actionnaires de La Poste, aller plus loin, c’est-à-dire généraliser le modèle du colis dans l’ensemble des activités du groupe, y compris dans la maison-mère. Pour preuve, le développement des CDD, de l’intérim, de la sous-traitance au Courrier. Quand on voit que l’accord Courrier qui est aujourd’hui en discussion prévoit que jusqu’à la moitié des équipes pourront être constituées de main-d’œuvre précaire (et encore, hors Peak period !), on a une idée claire de ce qui est en train de se jouer.Face à cette volonté de tout niveler par le bas, notre réponse ne peut être que collective, notamment en agissant aux côtés de celles et ceux qui connaissent les pires conditions de travail et de salaires.
C’est le meilleur moyen de gagner des amélioration pour toutes et tous.

Les dirigeants deLa Poste, ses actionnaires (dont l’Etat) savent travailler ensemble contre nos intérêts. De notre côté, quels que soient notre entreprise, notre statut, notre nationalité, notre couleur de peau, l’unité des salarié·e·s est indispensable.}

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