Présentation du budget 2020 de La Poste : Un budget pour les actionnaires.

Le budget 2020 a été présenté ce mercredi aux membres du Conseil d’administration. Après l’intégration de la CNP les résultats du Groupe vont exploser. Cependant ce ne sont pas les postier·e·s et le service public qui vont en bénéficier.

Un budget à tiroirs

La Poste en 2020 présentera deux visages, deux faces totalement opposées. La première avec l’intégration de la CNP connaîtrait une explosion du Résultat d’exploitation (REX) et du résultat net (La Poste attend respectivement un multiple de quatre et de deux).
La deuxième face, moins reluisante, doit se regarder sans l’intégration de la CNP : le chiffre d’affaires et le REX sont en augmentation pour 2020, mais ils sont principalement la conséquence des effets périmètres (acquisition d’entreprises). En effet, la seule croissance organique du groupe indique un recul de 5% du Résultat d’exploitation par rapport à 2019. Quant à la dette, elle explose à cause des transpositions des nouvelles normes IFR16 faisant passer les loyers dans les dettes. L’effet est amplifié avec l’achat de BRT (première entreprise de colis express Italienne) qui loue la plupart de ses locaux.

Sur le courrier

Si le volume du courrier continue sa baisse (- 8,3%), le nombre de petits paquets, distribués par les facteurs et factrices progresse quasiment dans les mêmes proportions ( + 7,3%). Après, la direction pourra toujours expliquer aux distributeurs/trices que leur charge de travail baisse.
Si le chiffre d’affaires est en croissance de 143 millions d’euros, là aussi, il est dû pour 60% à une acquisition, EDE (Entreprise pour faire des économies d’énergie). Cela n’empêche pas une chute importante du REX. Le chiffre d’affaires des nouveaux services ne décolle pas, il ne constitue qu’à peine plus de 1% du résultat de la Branche Courrier. Ce n’est toujours pas l’eldorado présenté par La Poste pour sauver les facteurs/trices.

Geopost

Comme au Courrier, les nouvelles acquisitions, notamment BRT, constituent les ¾ de l’augmentation du Chiffre d’Affaire et plus de la moitié de l’augmentation du REX de GEOPOST. Pour la deuxième année consécutive, la Russie et l’Allemagne ont une incidence négative sur le Résultat d’exploitation de GEOPOST.

La Banque Postale

C’est bien La Banque Postale qui serait impactée directement par l’arrivée de la CNP avec la baisse du coefficient d’exploitation qui devrait passer de 84,5% à 62,25%, prévision au doigt mouillé pour des patrons visionnaires qui prévoyaient déjà un coefficient de 77% pour l’année 2010... Coté REX, augmentation mécanique de 336% et du résultat net de 83%. Si l’opération est menée à bien, la consolidation avec la CNP portera le bilan de La Poste à plus de 700 milliard d’€, rejoignant le groupe des 5 grands groupes bancaires français. Même si la distribution du livret A et l’accessibilité bancaire ont été renouvelées pour 6 ans à LBP, l’arrivée de la CNP qui va avoir durablement un poids significatif dans les comptes de La Banque Postale peut faire redouter un changement de stratégie déjà sensible sur les clientèles les plus fragiles. Les objectifs du patron de LBP sont élevés en matière d’assurance et de crédit. Cela ne pourra se faire que si les clients ne quittent plus La Poste en nombre. Pour rappel, la direction de La Banque Postale avait confirmé le chiffre de 1 compte ouvert pour 7 clôturés ! Ce chiffre a été démenti ce mercredi par la direction du Réseau qui parle d’un retour à un quasi équilibre, notamment avec le succès de « Ma French Bank ». Succès qu’il faut nuancer par un nombre important de fraudes à l’ouverture.

Le Réseau

Encore une fois le Réseau est montré du doigt et reste aux yeux des autres Branches un centre de coûts. Si la direction considère qu’il était encore central dans sa stratégie notamment en tant que réseau de distribution, on peut se poser la question de sa volonté de le maintenir en tant qu’entité distincte, notamment avec la fermeture à grande échelle de bureaux de plein exercice. Et ce n’est pas avec le nouveau contrat de présence territorial que cela va s’améliorer puisque La Poste, envisage que des activités postales soient réalisées dans les Maisons France Service dont elle n’a pas la charge. La colère sociale qui traverse le pays reste hélas à la porte de la direction du premier service public de proximité.

Encore une fois La Poste mise sur son expansion et non sur les postier·e·s

Estimant que les chiffres n’étaient pas au rendez-vous, La Poste avait annoncé un grand plan d’économie. Il est donc confirmé sur 2020 à hauteur de 300 millions d’euros. Il serait assumé pour un tiers par la branche Courrier ! Et n’en doutons pas, ce sont encore une fois les postier·e·s qui vont en faire les frais ! Exemple flagrant, dans le budget, la direction n’a même pas programmé l’octroi de la prime Macron qui pourrait hypothétiquement être discutée l’année prochaine. Suppression d’emplois et austérité salariale avec comme contrepartie un mal être au travail qui perdure. Pourtant, avec l’entrée de la CNP de l’argent il va y en avoir, même si le président a annoncé que ce ne sont que des effets de loupe.
On relèvera enfin le triplement des dividendes qui passent à 500 millions pour l’État et la CDC, 265 millions venant de la CNP s’ajoutant aux 235 millions des dividendes du groupe qui augmentent de 15%.
La direction a confirmé sa volonté d’atteindre progressivement un taux de distribution de 35% des résultats aux actionnaires.

Pour la fédération SUD PTT cet argent doit revenir au service public postal et aux salarié·e·s qui le font tourner. Avec ces 500 millions d’euros il y a de quoi verser un treizième mois correspondant au salaire moyen - 1700 euros à La Poste - et améliorer le service public postal ! Dans ce cadres les élu·e·s SUD ont voté contre le budget 2020.

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