Nouveaux tarifs - La Poste creuse-t-elle la tombe du courrier ? ?

Une augmentation pour mieux continuer la casse ?

Dans un communiqué du 25 juillet 2019 le groupe La Poste annonce une augmentation de ses tarifs au premier janvier 2020 :

"La Poste procédera à des ajustements tarifaires le 1er janvier 2020. Cette évolution permet d’assurer la pérennité du service universel avec une qualité élevée dans un contexte d’accélération de la baisse des volumes du courrier, et de continuer à moderniser les offres pour répondre aux usages et aux besoins de ses clients."

Le groupe affirme clairement ses objectifs, trouver des liquidités pour continuer les réorganisations à marche forcée et l’aventure financière.

L’augmentation moyenne de 4,7 % sera essentiellement supportée par les ménages qui verront le prix des timbres (verts et rouges) croître autour de 10 %. Seul le marketing direct s’en tire avec 0,3 % d’augmentation car le groupe compte "encourager l’utilisation du média courrier", autrement dit la pub papier. Tout cela ne fait pas très "éco-responsable"...

La Poste va-t-elle continuer à augmenter chaque année les tarifs de 10% ? Va-t-elle continuer à creuser la tombe du courrier ?

Arrangement avec la réalité

Dans la rubrique "repère", en conclusion du communiqué, les communicants ne s’embarrassent pas de détails : "Compte tenu de la hausse des tarifs et de la baisse de la consommation de courrier et de colis, le budget des ménages en produits postaux représentera environ 40 € par an en moyenne en 2020, soit 0,1 % de leur budget annuel".
Affirmer tranquillement que la consommation de colis baisse est au minimum une déformation du réel. La hausse du volume des colis n’est sans doute pas linéaire mais elle est constante sur des années. De plus si la moyenne invoquée plus haut est vraie d’un point de vue statistique, elle gomme le fait que ce sont les plus pauvres et/ou les moins équipés en matériel informatique qui paieront la facture au prix fort.

Le choix du pire

Si l’augmentation des courriers ordinaires signifie quelque chose, c’est que les choix du groupe La Poste participent de la baisse des flux courriers. Il ne s’agit pas de nier la tendance générale mais de souligner que les politiques tarifaire et industrielle du groupe ont une influence sur le marché lui même.
En favorisant la lettre verte (65% du trafic aujourd’hui) et en cassant le j+1, le groupe a certes pu supprimer des dizaines de milliers d’emplois et dégager des marges mais il a surtout favorisé la baisse des volumes.
L’aspect performatif de la politique générale de la Poste lui permet en retour de continuer sur sa lancée et de s’appuyer sur la baisse des flux pour casser les organisations du travail et supprimer des emplois au prix d’un grande violence sociale. L’augmentation du prix du timbre n’est pas un événement anodin, il est un instrument au service de ceux qui œuvrent à transformer La Poste en groupe financier multinational.

En lien (à gauche) l’avis de l’ARCEP qui admet enfin que l’augmentation des tarifs a une incidence sur les volumes.

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