NGC : La Poste innove pour supprimer encore plus d’emplois.

Mais mais mais… Le tapage médiatique orchestré (et assumé) par SUD (et en particulier des collègues du 66) en début d’année, en alertant tous azimuts a fonctionné. Le succès de la pétition en ligne, les nombreuses « unes » de journaux papier, radio, télé, etc… sur la fin du timbre rouge et les conséquences néfastes en emploi et service public ont débouché sur une enquête parlementaire. Et le PDG de La Poste de se justifier, certifiant la main sur le cœur (et les doigts croisés dans le dos ?) qu’il n’a jamais été envisagé de distribuer 1 jour sur 2. Nous savons depuis que c’est le gouvernement lui-même, en plein marasme de la bataille des retraites, qui a sommé La Poste d’ajourner le projet, et de transformer les 68 centres « expérimentaux » (pour expérimenter le 1 jour sur 2 particulièrement) en centres « d’innovations ». Une euphémisation qui aura tout de même permis de calmer les ardeurs de la Gouvernance, contrainte d’y aller mollo. Quelques expertises en CHSCT pèseront aussi dans la balance contre la NGC qui avance masquée. Ce sont les CHSCT – et leurs prérogatives contre l’arbitraire patronal - qui disparaîtront avec la mise en place des CSE en 2024.

Bilan

Depuis janvier, les tournées ne reçoivent plus tout le trafic quotidien. La Poste a pris le contrôle sur le flux. En supprimant le J+1 et J+2, ce ne sont plus les organisations du travail qui s’adapteront au trafic, mais le trafic envoyé dans les centres qui déterminera les organisations du travail, donc le nombre de positions de travail, donc l’emploi. Les zones dites A/B, extension de la distri pilotée, nous préparent aux jours que A puis que B (1 jour sur 2)
Tous les CHM vont être remplacés par des casiers 5 colonnes, pour forcer le tri sur table (fusion du courrier mécanisé), donc forcer à distribuer seulement les zones envoyées dans les K7 et Baks.

Dans ses 68 sites d’innovations, jusqu’en novembre, vont être testées des organisations « innovantes », qu’il faudra ou pas se coltiner à partir de 2024.

Florilège non exhaustif :

Les « dominos » : c’est le 1 jour sur 2 qui ne dit pas son nom, une nouvelle forme de sécabilité (voir encadré). Prenez 3 équipes de 12 tournées. Dans ces 3 équipes, 10 tournées sont classiques et 2 tournées (nommées A ou B) sont distribuées 1 jour sur 2. Et la personne qui distribue la zone allégée couvre l’équivalent de 3 tournées (allégées). Le loup est dans la bergerie.

Les zones de coopération : il s’agit, sur les casiers 5 colonnes, qu’une partie de la tournée soit mutualisée en binôme, au cas où une tournée est enfoncée. Autrement dit, c’est la mise en place de l’entraide, mais sur les casiers. Ou comment se passer de recrutement quand la charge est trop lourde...

Parlons ZEN :

Une heure de discussion par équipe et par mois. Résolution des problèmes, irritants, bienveillance... On nage en plein « lean management » où le « bien-être » et l’écoute sont plus importants que les conditions de travail ou le salaire. Faisons-en une heure de revendications les collègues !

Contact client :

Pour coller à ses concurrents, La Poste veut généraliser l’appel aux « clients » qui recevrait un objet contre-signature ou qui ne rentre pas dans la boîte aux lettres. Vous n’aviez pas le temps de finir votre tournée ? Vous en aurez encore moins le temps !

Double façade :

jour A, jour B, les boîtes aux lettres ne sont plus visitées tous les jours. La Poste innove ; par un système de clapets à élastique, le casier 5 colonnes serait interchangeable, avec des étiquettes différentes, un jour sur deux. Comme la distribution finalement...

La généralisation du 1 jour sur 2 à la distribution équivaut à la division par 2 du personnel... Les collègues, ne soyons pas innovants, soyons conservateurs ! Gardons nos acquis et surtout nos emplois.

1 tournée = 1 casier = 1 facteur·ice ! Luttons dans les centres concernés par ces expérimentations. Partout où on le pourra, contestations collectives, grèves, expertises au CHSCT. Nous ne sommes pas des rats de laboratoire, nous sommes le service public, ils sont le service du fric !

LOG’ISSIMO : La Poste en voiture balaie dans la course à la logistique

L’univers de la logistique (stock, dépôt et livraison de marchandises) est le marché concurrentiel par excellence (DHL, XPO, Mondial Relay, Amazon...). Chacun veut trouver sa place en proposant des services de plus en plus complets face à des clients de plus en plus exigeants (chantiers complexes, rapidité, efficacité, réduction des coûts et empreinte écologique réduite). Et dans tout ça, la Poste, voyant ses activités se modifier et notamment dans le domaine de la livraison du courrier, a la volonté de s’implanter sur ce marché.
La Poste « Solution Business » a donc créé une marque, Log’issimo, qui propose des services logistiques du premier et du dernier kilomètre. Dans un périmètre local et même régional. Ce qu’elle propose ? Le stockage ainsi que la collecte et la remise de petites marchandises, de documents et même de repas, la gestion des stocks et la préparation de commandes.

Sa stratégie ? Mettre en avant son réseau de postier·ers afin de récréer un réseau logistique, fort du « tiers de confiance » déjà reconnue par la population et dont La Poste se sert.

La nouveauté ? Cette armada « d’opérateur·ices logistiques » ne s’arrêtera plus aux boîtes aux lettres des particuliers, la Poste veut s’imposer désormais sur le B2B, autrement dit, le commerce de transactions interentreprises. Une révolution pour les services postaux : La Poste proposera un service uniquement pour « raccorder » les professionnels entre eux.

Depuis le printemps 2023, La Poste transfère une grande partie des remises et collectes dans des agences ou antennes Log’issimo, qu’elle place dans des PIC ou des PPDC multiflux. Conséquence : les PDC des agglomérations sont vidées d’une partie de leurs activités – et donc de leur personnel. Certes, La Poste nous affirme que ce ne sont que des « transferts », mais nous constatons que peu de collègues sont volontaires pour suivre leurs circuits de remises et/ou collectes. Pour le moment, les contrats signés sont modestes. Log’issimo se résume donc à la concentration des remises/collectes ; les agents qui travailleront dans des agences ou antennes Log’issimo devront donc compléter leur activité par du tri ou de la livraison, selon leur site d’affectation.

Pour SUD, implanter La Poste dans le marché féroce de la logistique urbaine, en vendant une image « durable » et « publique » relève d’un un pari hasardeux. Les boites du secteur logistique ont fait de la précarité du travail et de la sous-traitance la règle absolue pour réduire leurs coûts de fonctionnement. De plus, La Poste ayant elle-même sabordé son réseau de bureaux de Poste, ces entreprises n’hésitent pas à structurer un « réseau » de consignes, box, relais colis chez des commerçants. Un beau pied de nez à la casse du service public. Et pour finir, ce ne sont pas d’aventures commerciales dont les postier·es et la population ont besoin, mais d’arrêt des réorgs et des suppressions d’emplois, d’embauches massives et de résorption de la précarité !

Pour éviter que ce service postal ne soit déserté par les postières et postiers, la direction devra clarifier ses intentions et les conditions d’exercice. SUD revendique le 2.1 grade de base, des horaires en vacation unique ou choisie par les agents, mais aussi que l’expansion de cette activité doit profiter à l’emploi Poste et non au recours massif à la précarité.

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