Travailleurs sans-papier de Chronopost : la préfecture interdit une rencontre avec l’inspection du travail !
18/07/2019Ce matin les travailleurs sans papier de Chronopost avaient donné rendez-vous devant la DIRECCTE (antenne du ministère du travail) de Créteil. Alors qu’une délégation devait être reçue et que l’audience était programmée, c’est une porte close entourée de CRS que nos camarades de Chronopost et leurs soutiens ont trouvé face à eux. L’explication tombait peu après : la préfecture était intervenue pour empêcher la rencontre !!
Castaner devient ministre du travail !
C’est donc une intervention directe du préfet qui interdisait une rencontre entre l’inspection du travail et les victimes de la sous traitance à La Poste ! La préfecture voudrait "garder la main"... On se demande bien à quel titre. La présence policière fut telle qu’une scène surréaliste a eu lieu sous les yeux des manifestants : des inspectrices du travail sorties fumer une cigarette se virent refuser de pénétrer à nouveau dans le bâtiment. Visiblement, l’entrave à la liberté du travail ne concerne que les grévistes ou les syndicalistes.
Le gouvernement emmerde le droit du travail !
Ce scandale n’a rien d’anecdotique, il est un marqueur d’une dérive gouvernementale contre les droits fondamentaux. Rappelons que selon l’Organisation Internationale du Travail (art. 6 de la convention 81 ), "les inspecteurs du travail sont des fonctionnaires publics dont le statut et les conditions de service leur assurent la stabilité dans leur emploi et les rendent indépendants de tout changement de Gouvernement et de toute influence extérieure indue ». L’intervention de la préfecture dans cette affaire est donc d’une légalité douteuse.
Direction de La Poste + ministère de l’intérieur = Amour
Castaner et Wahl marchent donc la main dans la main. Pas question pour l’Etat et La Poste que les services de la DIRECCTE puissent entendre, de la bouche des grévistes et de leurs soutiens, ce qu’ils veulent maintenir sous le boisseau : la mise en place d’un système de sous-traitance en cascade, organisé pour exploiter les travailleurs sans-papiers et les maintenir dans une situation dans laquelle ils ne peuvent faire valoir leurs droits.
La police d’État intervient de plus en plus souvent dans les conflits à La Poste (les grévistes du 92 en savent quelque chose) mais toujours pour soutenir la direction.
A nouvel esclavage, nouveaux esclavagistes
Luc Carvounas, député du 94, évoquait récemment dans une lettre au PDG de La Poste la création d’une "commission d’enquête parlementaire relative à la sous-traitance comme nouvelle forme d’un esclavage moderne". C’est de cela qu’il s’agit dans le dossier Chronopost et c’est à cela qu’il faut mettre un terme.