La French Bank : un nouveau naufrage industriel

Après ING, Orange Bank et ses lourdes pertes financières et humaines, c’est au tour de la filiale postale Ma French Bank et ses 300 emplois directs de boire le bouillon.

Une banque dans l’air du temps ?

Proposée en mode « très belle aventure » pour « répondre aux attentes des nouvelles générations » par les patrons de la banque postale, la filiale accumule les pertes et souligne encore une fois les problèmes liés à ce type de modèle.

Sans droit au découvert, non accessible aux interdits bancaires, en fait sans
avantages particuliers, la fausse bonne idée de la banque postale aura juste révélé le suivisme de piètres stratèges fascinés par les fintechs ou assurtechs. Avec 750 000 clients la banque en ligne pensait dépasser le million d’ici 2025, mais les adhésions stagnent.

Le reclassement des salarié·e·s de la French Bank ne sera pas une partie de plaisir comme l’affirme la direction de LBP et du groupe. Un vrai défi au vu des perspectives de non remplacement des départs dans la maison-mère, sans oublier que des postier·e·s prestaient pour la filiale pour certaines opérations eux aussi perdent une partie de leur travail.

Après MEDIAPOST c’est une très mauvaise nouvelle pour le groupe qui paye les errements financiers des dirigeants.

Une stratégie coûteuse qui accumule les échecs

La Banque Postale a et garde une place particulière auprès de la population. Ses services sont largement subventionnés par l’impôt à hauteur de plus de 500 millions d’€ (350 millions sur l’accessibilité bancaire et 175 millions de présence postale, donc les agences bancaires de La Banque).

La piètre qualité de service sur sa mission de banque de détail devrait plutôt être la priorité dans une période où une banque à l’écoute des attentes de la collectivité est indispensable. La valse des dirigeants de la banque et la complexité d’un groupe bancaire qui est loin d’être intégré entre la CNP, la banque de détail, celle des territoires l’assurance IARD rendent sa stratégie difficilement lisible. Le modèle repose par ailleurs sur une force de travail hybride avec des statuts et des systèmes de rémunération différends. Un modèle qui a les faveurs de tous les gouvernements
depuis 2006.

Ce revers vient s’ajouter aux 500 millions de pertes cumulées par le groupe avec ses déboires en Russie, en Italie et en France (Fermeture de Stuart).

Changer de cap

SUD PTT dénonce clairement la dérive du navire postal qui tourne le dos au service public et en même temps est incapable de transformer sa stratégie de conquête et d’innovation.
Il est temps de rompre avec ce suivisme inhérent au système capitaliste qui consiste à développer systématiquement les mêmes modèles industriels qui sont dans « l’air du temps » parce que source possible et potentielle de profits. Rappelons aussi ici la frénésie qui a gagné il y a une dizaine d’années les investisseurs dans la livraison à domicile et le mythe du dernier kilomètre avec, à l’arrivée, autant de faillites à la clé avec un principe simple : les décideurs seront épargnés des critiques au motif que tout ce petit monde a échoué.

Mais la conséquence est redoutable : car ce sont toujours les salarié-es qui paient l’addition !

Oui au service public, non à l’aventurisme débridé !

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