L’EMPLOI DES 10000 SALARIÉ-ES DE MILEE (EX-ADREXO) EN DANGER ABSOLU

Les pouvoirs publics se doivent d’intervenir !

En quelques semaines, l’avenir de l’imprimé publicitaire (IP) et des deux sociétés qui portent ce marché s’est considérablement assombri.
En février, les 5300 salarié-es de Mediaposte, filiale à 100 % de la Poste, ont été transférés d’office dans les services de la maison-mère.

Du côté de la société MILEE, l’annonce d’un plan social (plan de sauvegarde de l’emploi) en mars devait concerner 3709 salarié·es sur les 10600 de l’entreprise. Mais les choses se sont accélérées en ce mois de mai avec la demande de la direction d’être placée en redressement judiciaire avec sa filiale Adrexo Production. C’est donc bien l’avenir des sociétés et de tout le personnel qui est maintenant sur la sellette !

La Direction de Milee a été entendue par le Tribunal de Commerce de Marseille à l’’audience du jeudi 23 mai. Le délibéré du 30 mai, est tombé, la société est placée en redressement judiciaire avec une période d’observation de 6 mois (le délibéré d’Adrexo Production sera rendu le 31).

Concrètement, les salaires de mai seront payés dans plusieurs semaines par les AGS et les salarié·es continuent de travailler dans la plus grande incertitude pour les mois à venir. Des collègues sont déjà en train d’emprunter auprès des familles ou des amis. Or, une majorité du personnel est à temps partiel.

Oui-pub : les pouvoirs publics aux abonnés absents !

Il n’y a pas de hasard : l’expérimentation Oui-pub (schéma totalement inversé du Stop Pub) a considérablement dégradé les comptes des deux sociétés.
Paradoxe ultime du silence des pouvoirs publics : il est hautement probable que lorsque le rapport qui doit être présenté cet automne au Parlement pour faire un premier bilan et envisager la généralisation du Oui Pub, les 2 entreprises majeures du secteur de la distribution de publicités en boîtes à lettres (Mediapost et Milee) n’existeront plus.

Où sont les diagnostics et rapports du comité d’évaluation ? Ce comité devait pourtant évaluer les effets sur l’emploi... D’ailleurs, la période d’évaluation initialement annoncée pour 3 années pleines, va finalement se résumer à une période de 2 ans.

Un bilan scandaleux de la part de ces irresponsables, qu’il s’agisse du gouvernement, des professionnels du secteur ou de l’ADEME.

Or, tous les clignotants sont au rouge depuis des mois :

- le Oui Pub a aussi été le prétexte pour accélérer la sous traitance vers la Poste de millions et de millions de boîtes à lettres distribuées auparavant par ces deux entreprises,

- MILEE était sous le contrôle du CIRI (Comité interministériel des restructurations industrielles, placé sous l’autorité de Bercy) depuis des mois, sans qu’aucune information ne soit donnée aux représentants du personnel.

Quel avenir pour les 10000 salarié-es ?

Si pour d’autres entreprises, la mise en redressement judiciaire ouvre parfois la porte à des repreneurs, l’avenir est ici des plus inquiétants. En effet, MILEE avait déjà annoncé un plan social d’ampleur et l’arrêt de l’imprimé publicitaire pour le mois d’août, au point que des clients annonceurs ont déjà fait la bascule vers la Poste ! Et ce n’est pas la distribution d’un seul magazine adressé (« 150 euros ») qui peut nous rassurer pour l’avenir. De plus, la perte de valeur est certaine après la cession de Colis Privé à CMA-CGM

On reste debout et on se bat pour nos emplois, pour notre avenir !

En tout premier lieu, nous exigeons que des réunions se tiennent rapidement avec tous les acteurs : gouvernement, branche, comité d’évaluation, l’ADEME (1), les directions des sociétés concernées dont la Poste et les organisations syndicales afin d’organiser la transition de ce secteur professionnel avec de vraies garanties collectives pour le personnel.
Nous souhaitons que ces démarches soient les plus unitaires possibles avec tous les syndicats de MILEE et de la branche de la publicité directe. L’heure est grave, très grave et sûrement pas à la division.

Nos premières propositions

L’octroi d’un budget public afin de permettre le reclassement et la réorientation des personnels du secteur.
Ce budget doit permettre de maintenir tous les droits individuels, les contrats, le temps des transitions professionnelles, sur le modèle d’une sécurité sociale professionnelle, avec des garanties collectives en termes de maintien des rémunérations, de formation, de mobilité.

Plus concrètement, nous demandons :

- Que l’obligation soit faite à la Poste d’intégrer tous les personnels intéressés avec maintien des contrats de travail. Cette dernière a su intégrer l’IP dans son activité et le personnel de Mediapost comme elle a su récupérer des millions de boîtes à lettres distribuées par MILEE. Il doit en être de même pour son personnel.

- Un accord de transition d’une durée de 36 mois, comme prévu par le Code du travail, comme cela a été fait pour le personnel de Mediaposte. Un tel accord permet un maintien des contrats de travail, en particulier avec le temps partiel modulé.

- Que les salarié-es âgés de + de 70 ans, visés par une mise à la retraite alors qu’ils sont déjà retraités mais obligés de travailler car leurs pensions de retraite ne leur permettent pas de vivre décemment, bénéficient de l’octroi d’une soulte compensant la perte de rémunération liée à leur contrat de travail.

Tout cela est à discuter avec tous les syndicats de la société. Il faut aller vite, très vite !

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