Comptes semestriels de La Poste - Tout ne va pas bien Mme la marquise.

Ce mercredi 2 août, la direction de La Poste présentait les comptes semestriels du groupe au Conseil d’administration. Après l’euphorie postcovid, boostés par le boom du colis, les comptes du groupe n’affichent pas des résultats reluisants, en partie plombés par GEOPOST.

Une dépendance de plus en plus marquée à la CNP...et le PDG de La Banque Postale Philippe Heim débarqué

Si le chiffre d’affaires gagne 650 millions d’euros, il est principalement dû à La CNP qui voit son CA augmenter de 1 milliard d’euros. Ce constat vaut également pour le résultat d’exploitation qui provient aussi des bons chiffres de la CNP. Quant au RNPG, celui-ci est en recul de 500 millions d’euros et est maintenu à flot grâce aux résultats de la CNP.

Cela n’a pas empêché le directoire de la Banque de débarquer Philippe Heim de la tête de la Banque Postale. Il faut dire que les chiffres de la banque de détail, d’investissement et la BFI affichent un résultat négatif questionnant la stratégie développée depuis des années.

On peut donc s’inquiéter d’une dépendance qui devient structurelle au modèle de bancassurance introduit depuis l’opération Mandarine. La direction du Groupe y voit des effets bénéfiques, mais nous sommes dubitatifs, car La Banque Postale est l’une des banques européennes qui résistent le moins aux derniers stress tests en cas de choc financier. Le moindre soubresaut pourrait précipiter le groupe dans une crise majeure. Rajoutons que les bons chiffres de la CNP profitent d’un effet d’aubaine dû aux nouvelles normes IFRS 17 qui pourrait se retourner en cas de crise boursière.

GEOPOST : une crise annoncée

Depuis plusieurs années, GEOPOST a multiplié les acquisitions, occasionnant une mutation du groupe où quasiment la moitié du chiffre d’affaires est effectué à l’international. Cet appétit impérialiste devait, selon la direction, asseoir un modèle solide. Force est de constater qu’on est loin des résultats attendus.

En Allemagne, la chute vertigineuse continue, soulignant une crise structurelle du colis dans ce pays. En Italie, ce sont les autorités judiciaires anti-mafia qui se sont penchées sur le cas de la filiale italienne de La Poste, BRT, qui reposait sur la sous-traitance illégale et le travail dissimulé. Une amende record bien au-des- sus de celle infligée à ses concurrents plane au-dessus de la tête de GEOPOST, une information connue de- puis décembre dernier et cachée aux organisations syndicales jusqu’au mois de mars. Ce sera la deuxième fois depuis 2017 avec 150 millions d’€ pour entente illégale en France que le groupe est mis à l’amende. Enfin, Stuart plombe les résultats du groupe, marqué par des crises multiples, notamment autour du statut du livreur. L’avenir de la filiale se pose à terme,
C’est bien le modèle de la sous-traitance, le recours et de l’exploitation des sans-papiers dans ce secteur qui est en question. Philippe Wahl qui a toujours assumé le recours à la sous-traitance, de fait, accepte les milliers de sans-papiers qui travaillent dans ce secteur. Utile de le rappeler, alors que des sous-traitants de Chronopost continuent depuis un an de se mobiliser pour leur régularisation et leur droit. Un modèle que nous dénonçons devant le TGI de Paris au titre du devoir de vigilance avec une audience le 19 septembre prochain.

Aller chercher les sous où ils sont.

Le personnel de La Poste fait face à une véritable austérité salariale. Alors que la hausse moyenne des sa- laires dans les entreprises est très proche de l’inflation, à La Poste, elle n’a même pas atteint 3 %. Lors des bons résultats post, covid, les augmentations n’avaient déjà pas été à la hauteur. Quant à l’intéressement, il pourrait être divisé par deux prouvant encore une fois que miser sur ce mode de rémunération pour augmen- ter de façon pérenne la rémunération est un coup de poignard dans le dos du personnel.
Pendant ce temps, les actionnaires du groupe vont encore se gaver en empochant cette année quasiment 740 millions d’euros, soit 2500 euros net par postier du groupe. Une prime annuelle de ce niveau n’est donc pas une utopie pour notre fédération.

Et le service public là-dedans ?

À bien y regarder, le service public semble plus relever d’un argument commercial que d’un véritable credo comme le passage de La Poste à grand coup de communication à une entreprise à mission. Si le service public postal était chevillé au corps de la direction postale, celle-ci se battrait pour des compensations de mission de service public à la hauteur des enjeux, réclamerait un débat public avec la population et ne sup- primerait pas des emplois et des bureaux de poste pour assurer ce service.

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