Colis Express - LE PROFIT A TOUT PRIX

La direction de La Poste mène depuis une vingtaine d’années une politique de conquête du marché de l’express à l’échelle européenne. Très coûteuse avec une dizaine de milliards investis sur la durée, elle n’a pas en- core rapporté un centime net à un groupe public qui a bien d’autres missions à remplir pour satisfaire les besoins sociaux.

Plus low cost que moi, tu meurs

Le modèle de l’express, comme celui du colis ordinaire qui relève du service universel sont tous deux basés sur l’exploitation à outrance de la force de travail. F o r c é m e n gourmande en main-d’œuvre, l’activité est sous-traitée sans vergogne au moins disant social. Quand les salarié.e.s des filiales (Chronopost ou DPD) ne sont pas indispensables, leur boulot est dévolu à des sous traitants, voire à des collègues de filiales sous payé.e.s comme chez Viapost qui traite les petits paquets internationaux. Des collègues qui ont trimé pendant le confinement et qui n’ont pas tous vu de prime COVID.
Un modèle qui ne respecte pas, loin de là, le droit du travail. Ainsi Seydou Bagaga, livreur d’un sous-traitant de Coliposte, qui s’était noyé en essayant de récupérer un colis tombé dans la Seine, n’était pas déclaré (la déclaration unique d’embauche a été précipitamment rédigée après l’accident). SUD s’est
porté partie civile, aux côtés de la famille de notre collègue, et La Poste a été condamnée, y compris en appel. Ainsi les travailleurs sans-papiers de Chronopost d’Alfortville, victimes d’un système de sous-traitance en cascade organisé par le groupe La Poste. Ils se sont battus pendant sept mois, avec le soutien de S et de Solidaires, pour obtenir leur régularisation.

Priorité à l’emploi

Le recours à la main-d’oeuvre précaire permet une flexibilité maximale, et aussi d’assurer les tâches les plus pénibles, le plus souvent dans des conditions déplorables. Or par exemple,l’enveloppe dévolue à la sous-traitance d’environ 3500 opérateurs à Chronopost dépasse les 500 millions d’€, sur 1,2 milliard d’€ de ventes ! De quoi recruter plus de 4000 agents en CDI, il en va de même chez DPD France et dans toutes les filiales du secteur, en Espagne, Grande Bretagne, Pologne. Ce modèle anti social est donc coûteux socialement. Il est d’ailleurs couramment éludé lors des débats sur les acquisitions au conseil d’administration et rares sont les syndicats comme SUD à s’en inquiéter.

Répondre aux besoins avant de satisfaire les actionnaires

SUD vote systématiquement contre les opérations d’acquisitions d’opérateurs à l’international. D’une part les cibles de La Poste sont des modèles sociaux désastreux en Europe ou en Asie et d’autre part nous considérons que La Poste n’a pas à jouer les multinationales prédatrices. Les fantasmes de capitalistes de Bercy ou de la Caisse des Dépôts, très peu pour nous ! Outre les aventures en Russie où en Allemagne qui sont deficitaires La Poste vient ainsi de claquer plus d’1 milliard d’€ dans l’achat du premier expressiste italien. Ce milliard aurait été bien mieux utilisé pour améliorer le service public postal en France, recruter des emplois pérennes dans le colis, un secteur dont la croissance est affirmée, conforter la qualité de service et développer une vraie stratégie pro environnementale, avec le fret ferroviaire.

Comment on rate le train du e-commerce et du numérique

Les dirigeants de La Poste ont vu croître Amazon comme des vaches installées dans les prés regardent passer un train. Pourtant, La Poste avait tous les atouts pour offrir des services liés au développement du e-commerce. Avec des infrastructures près des villes, voire dans les gares, le dernier kilomètre, un réseau et des structures informatiques nationales, des services financiers intégrés, il était possible de faciliter les relations entre clients et fournisseurs dans nos structures, (pratique que Viapost fait déjà), possible d’héberger les données sensibles de l’Etat et des particuliers en vrai tiers de confiance dans ses propres centres de données. Il suffisait d’investir à bon escient au lieu de faire son marché du parfait impérialiste en Afrique du Sud, en Pologne ou au Viet- nam.

Colis outremer : la poste coloniale

SUD dénonce depuis des années cette extraordinaire injustice, digne d’un empire colonial, qui voit les tarifs du colis du service public honteusement majorés pour les destinataires ultra-marins. Après avoir alerté en face à face le président de La poste et le ministère de l’économie qui n’ont pas réagi, nous avons contribué au dépôt d’un projet de loi pour mettre fin à cette pratique qui voit les usager.e.s rackettés avec des majorations de 30 à 50% sur les colis à destination et en provenance de ces territoires. Le parlement n’étant pas spécialement intéressé par un sujet aussi social en ce moment, s’est assis sur le dossier. Qu’à cela ne tienne, SUD va entamer une action en justice avec des associations anti-coloniales pour faire cesser ce “trouble manifeste à l’ordre public”.

Branche Colis Express GEOPOST

Le rapport de force est possible pour changer cette stratégie risquée et coûteuse. La vigilance des élu·es au conseil d’administration est de mise avec la gestion souvent foireuse des dirigeants de Geopost. On se rappellera de l’an- née noire de Chronopost en 2007 où la boite a du vendre en catastrophe son siège social et l’amende de 140 M€ que DPD et Chronopost se sont pris fin 2015 pour entente sur les prix, sacrés patrons...

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