Après le 18 mai : en grève le 22 juin !

Le chiffre de 7 % au niveau national annoncé par La Poste relève d’ailleurs de la mauvaise blague. Dans certains sites, les chiffres de grévistes sont très inférieurs aux agents qui étaient présents dans les rassemblements et les manifs. Dans certains départements, les effectifs globaux (sur la base desquels sont calculés les pourcentages de grévistes) sont supérieurs à ceux d’il y a quatre ans. Comme si, durant toute ces années, La Poste avait embauché en masse ! Bref, quant on pipeaute comme cela, c’est qu’on est un chouïa fébrile.

Une réussite et... quoi ?

On aurait pu croire que les deux fédérations ayant appelé nationalement (la CGT et Sud) se réuniraient au plus vite (quitte à inviter les syndicats qui n’avaient pas appelé mais qui au- raient changé d’avis) pour au moins tirer un bilan collectif et discuter des suites... Et bien non, loupé. Au moment où nous écrivons, tou- jours pas de rencontre unitaire nationale. En ce qui concerne la fédération S PTT, ce n’est pourtant pas faute d’avoir essayé ! De notre côté, la discussion est totalement ouverte, pourvu qu’on s’entende pour l’action
commune. Nous avons proposé y compris d’appeler en commun à la mobilisation le 22 juin, une date initialement avancée par la CGT, sans réponse de la part de cette dernière. Une absence de réponse d’autant plus regrettable que de nombreuses intersyndicales locales ont tiré le bilan des actions du 18 mai et continuent à construire les suites.

Massacre à la tronçonneuse

Pourtant les raisons d’augmenter le rapport de force ne manquent pas, bien au contraire. A la distri, l’avalanche de réorganisations continue. Parallèlement l’accord BSCC est tellement pourri qu’il n’a trouvé, en tout cas pour l’instant, aucun syndicat pour le signer. Au Réseau, la création de la branche Grand Public-Numérique est un nouveau coup bas. En effet, cette branche devra être « auto-suffisante », c’est-à- dire couvrir ses frais de fonctionnement par les bénéfices quelle génère. Traduction : encore plus de pressions commerciales, des objectifs encore plus élevés pour les agents, avec tou- jours moins de personnels ! Dans les centres financiers, c’est carrément la politique de la terre brûlée. Les 19 centres doivent être regroupés en six directions, avec des suppressions non seulement de postes (666 emplois en moins, ça ne s’invente pas), mais aussi de services en- tiers. Le tout avec une augmentation des ho- raires de travail.
Comme si cela ne suffisait pas, La Poste annonce un plan de déconfinement particulièrement brutal, qu’on peut résumer par une simple formule : « tout le monde au taf ! » y compris, donc, les personnes vulnérables. La position du siège est de la même eau en ce qui concerne l’intéressement. Après l’intéressement à zéro cette année, les experts en tripatouillage Wahl et Cie ont encore frappé. Pour le nouvel accord qui vient d’être signé par l’ensemble des organisations syndicales (excepté la CGT et S), ils ont changé d’indicateur économique pour modifier les critères. Si les bases de l’accord 2018-2020 avaient été conservées, la prime d’intéressement aurait été autour de 700 €. Avec cette combine digne de l’organisation d’une élection en Biélorussie, la prime d’intéressement serait, selon les prévisions, d’environ 200 €.

L’unité, ça se construit...

Bref, ça dézingue dans tous les sens, sur tous les sujets. Les syndicalistes qui nous demandent de faire confiance à leurs talents de fins négociateurs en sont pour leur frais. Tout ce qui leur reste, c’est de signer des pages et des pages de régression sociale. C’est précisément dans ce contexte, au moins concernant les organisations qui sont opposées à la stratégie de la direction et des actionnaires de La Poste, que l’intérêt général des postier·e·s devrait passer avant les intérêts de boutique. Aujourd’hui plusieurs intersyndicales, réunissant la CGT et Sud (et même au-delà dans certains départements) appellent à la grève et à manifester le 22 juin. C’est le cas par exemple en Ile-de- France, avec un appel S/CGT/FO. D’autres échéances de mobilisation existent, comme le 17 juin en Ille-et-Vilaine, ou d’autres dates liées à la distribution des plis électoraux dans d’autres départements. Cette dispersion est clairement le résultat du manque d’unité au ni- veau national. Nous le regrettons, mais pas question pour nous de rester l’arme au pied. L’un des principaux acquis du 18 mai, ce sont
toutes ces intersyndicales départementales, qui ont permis à des militant·e·s de travailler (ou de retravailler) ensemble. Cette unité à la base doit continuer et même se renforcer. Les rencontres entre équipes syndicales doivent se multiplier, à tous les niveaux. Plutôt que de se regarder en chien de faïence, les organisations syndicales devraient encourager toutes les initiatives qui permettent d’échanger et de confronter les opinions des un·e·s et des autres.

... le rapport de force aussi !

L’enjeu, au vu de la politique actuelle et des plans de la boîte, est colossal. Pour l’heure, cela commence par une mobilisation le 22 juin qui soit la plus massive possible. C’est, pour S PTT, une étape pour construire la mobilisation générale de toute La Poste après l’été. Nous ne prétendons pas que c’est facile, loin de là. Mais nous n’avons pas d’autres choix que de prendre nos responsabilités. Si on ne met pas, dès maintenant, un coup d’arrêt à ce qui est en train de se passer, la note sera au final encore plus salée.

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