8 mars 2020 : toutes en grève !
21/02/2020Les inégalités professionnelles et salariales femmes-hommes perdurent, plus de 40 ans après les premières lois visant pourtant à les faire disparaître Elles trouvent leur ancrage dans une répartition genrée des tâches domestiques et des responsabilités æ Nous luttons et avons toujours lutté pour nos droits et pour faire progresser notre condition. Si on s’arrête toutes, tout s’arrête. Alors le dimanche 8 mars, toutes en grève !
Partage des tâches domestiques : y’a encore du boulot !
Le partage des tâches domestiques, malgré quelques changements depuis 50 ans, reste largement inégalitaire.
La répartition de certains travaux en dit long :
Si dans le temps, on peut noter une diminution de l’écart entre hommes et femmes, il persiste. La réduction du temps de travail domestique est liée non pas à une meilleure répartition des tâches dans le couple, mais bien à la disparition de certaines activités, comme la couture, et au développement de l’électroménager. De plus travaux que l’on prend en charge sont souvent répétitifs et moins valorisants ceux que les hommes peuvent réaliser
La double journée se paie aussi dans la santé : les femmes ont deux fois plus d’arrêts maladie que les hommes, y compris dans nos entreprises.
Une perception genrée :
Et la perception des femmes et des hommes en est bien différente : par exemple, 32% des hommes déclarent faire les courses le plus souvent (14% rectifient les femmes) Et les idées reçues persistent : 4 Français.es sur 10 pensent que les femmes trouvent une satisfaction personnelle dans ces tâches. 43 % estiment que les hommes ont moins de dispositions naturelles pour celles-ci et 46% qu’ils ont plus d’aptitudes pour le bricolage et les femmes pour les tâches ménagères (52% des hommes et 41% des femmes) !
Aurions-nous des prédispositions naturelles biologiques qui nous permettent de gérer travail domestique et éducatif ? Non bien sûr, comme les hommes n’ont pas de prédispositions naturelles au bricolage ou au jardinage. En revanche, l’éducation, l’histoire et l’État ont joué un rôle important dans ce domaine.
Le monde ne peut pas fonctionner sans moi !
Du mieux ?
Il ressort de l’enquête que de plus en plus d’hommes ont envie de transmettre un modèle équilibré de répartition des tâches au sein du foyer, en donnant le bon exemple. On pourrait donc espérer que les choses s’amélioreront avec la prochaine génération ? Alors que prévaut une certaine accommodation d’une inégalité qui peut paraître « raisonnable », en lien avec la délégation ou pas de certaines tâches et l’exigence ou degré de vivable des unes et des autres. La répartition des tâches ne serait plus vraiment un problème au sein du foyer ? Nous aussi avons bien souvent intégré ce sexisme domestique, et sommes nombreuses à considérer que les taches sont justement reparties. Mais juste ne veut pas dire égalitaire ! Cela sans compter la charge mentale, c’est-à- dire le fait d’avoir en permanence dans un coin de la tête la préoccupation des tâches domestiques et éducatives, même dans les moments où l’on n’est pas dans l’exécution. C’est aux femmes que revient la charge de penser à tout, pour faire fonctionner le foyer, et l’épuisement nous guette.
La grève un dimanche ?
Rémunérées…
Eh oui ! Car, même le dimanche les femmes sont au travail ! Dans de nombreux métiers, vu leur utilité sociale, l’activité ne peut pas s’arrêter le dimanche (santé, transport, culture...). Mais trop souvent, il ne sert qu’à doper la consommation pour le profit dequelques-uns, sans égard pour le repos dominical de femmes souvent précaires.
...ou pas !
Repos ? Nous sommes nombreuses à faire rimer dimanche avec cuisine, lessive, devoirs des enfants, ménage, parfois, soins aux parents ou beaux-parents... et plus encore ! Alors le 8 mars, on fait grève de tout ça !
Nous avons été plus d’un million dans les rues le 23 novembre pour dire stop aux violences faites aux femmes. La violence économique existe aussi : travail gratuit et invisible, sous-rémunérations, temps partiels imposés, les horaires éclatés, les carrières en pointillés. Nous sommes des centaines de milliers à manifester contre la contre-réforme des retraites depuis le 5 décembre.
Le 8 mars nous serons en grève et dans la rue.
En grève du travail rémunéré pour dire qu’on ne veut plus être sous- payées, exploitées et précarisées.
En grève de la consommation, pour dire que nous voulons en finir avec ce système capitaliste et patriarcal.
En grève du travail domestique et parental, pour dire que nous voulons une société égalitaire.