
Service public postal - Qui doit financer et pour quelle qualité de service ?
21/10/2025Mme Debon, future présidente de La Poste est auditionnée ce mardi 21 octobre à l’Assemblée Nationale et au Sénat avant sa nomination à la tête de La Poste lors d’un conseil d’administration extraordinaire le 22 octobre. C’est pour SUD PTT l’occasion de faire un point sur les « deficits » du service public postal.
En premier lieu, il est bon de rappeler les critères du cahier des charges initial de La Poste, supprimé lors du passage en SA :
« Les gains de productivité doivent être répartis d’une manière équilibrée entre :
la recherche d’une situation financière répon-dant aux perspectives de développement des activités ;
l’évolution des tarifs ;
l’amélioration de la qualité et l’offre de nouvelles gammes de services ;
l’amélioration des rémunérations, dont l’intéressement, et des conditions de travail du personnel. »
Or le groupe fait environ 1,5Md€ de bénéfices par an, dont les 2/3 sont fléchés vers la croissance externe. Une voie qui s’est éloignée de l’intérêt général au fil des années (20 Md€ in-vestis en 20 ans hors service public).
Les financements alternatifs
Pour SUD PTT, avant de recourir au budget de l’État, il faut rechercher des sources de financement auprès des « profiteurs » du service postal :
Pour la mission d’accessibilité bancaire, il faut mettre à contribution les établissements bancaires qui se débarrassent des clientèles défavorisées (20 487 demandes de droit au compte en 2024, plus d’1,2 million de personnes assimilées en « clientèle fragile à La Poste).
Pour le Service universel postal, le deficit presse cumulé de 2020 à 2025 représente 2,6 Md€. Les missions se succèdent sur le sujet, dans un concours d’incompétence qui aboutit à ce gouffre financier. Il faut revoir intégralement les aides à la presse, notamment ce qui échoit aux grands groupes qui sont les principaux bénéficiaires du déficit de La Poste. Les GAFAM aussi doivent contribuer pour la diffusion en ligne de parutions couvertes par l’aide à la presse.
Toujours pour le courrier, il faut border le deficit des petits paquets internationaux (1€/objet). C’est la question des frais terminaux impayés par les vendeurs type Ali-Express, Shein ou Temu issus de « pays en voie de développement ». Plus de 400 millions de lettres en 2024. Concernant la présence postale territoriale, la moitié de la niche fiscale d’environ 175 M€/an ne doit plus être dédiée au paiement des agences postales communales et des relais poste commerçants. Un système vicieux qui met directement l’absence d’un bureau de poste et l’ersatz qui le remplace à la charge des contribuables
Remettre La Poste au service de l’intérêt général
Nous dénonçons la stratégie de terre brulée appliquée aux services publics qui depuis une vingtaine d’année aura servi de carburant à la montée de l’extrême droite. Surfant sur les sentiments d’injustice, d’abandon, sur le mépris ressenti par les éloignés des services de santé, de l’éducation, voire des structures postales, l’extrême droite a construit une partie de son assise, sans d’ailleurs proposer quoi que ce soit de probant.
La Poste n’est pas une multinationale livrée au bon vouloir de ses actionnaires et propriétaires. L’État et la Caisse des Dépôts sont comptables des errements de La Poste devant la collectivité. Ce sont des centaines de millions de perdus dans les filiales au détriment de la mission première de La Poste : servir l’intérêt général.
Améliorer le service public postal
Il y a urgence à changer le logiciel du service public postal, il s’agit de satisfaire les besoins sociaux avant de jouer au monopoly des multi-nationales. SUD demande donc que la priorité soit donnée au maintien et à l’amélioration des missions de service public de La Poste. Celà passe par la réduction des inégalités entre usager·es, entre territoires Il s’agit de réoccuper le terrain dans un scénario opposé à celui qui est suivi en ce moment.
Cela passe par une juste répartition des profits vers le développement des missions d’intérêt général, l’emploi pérenne et les rémunérations des postier·es dont le pouvoir d’achat a progressé 2 fois moins que l’indice des prix ces cinq dernières années.