Tulle - Dialogue « social » postal : « Les salariés qui se suicident, c’est leur choix. »

Une réorganisation, des suppressions massives de postes…

Cela avait commencé comme toutes les réorganisations, avec l’annonce de la mise en place de la méridienne et la suppression de 6 tournées. Mais les facteurs et les factrices de Tulle (45 tournées + les tournées colis) ne s’en sont pas laissé compter : ils ont d’abord signé massivement une pétition refusant la mise en place de la méridienne, « un incontournable » selon la directrice de l’établissement. Mais devant la détermination des postier·es, la direction annonçait qu’elle ne mettrait en place que 3 tournées en méridienne, au volontariat. Gros hic, cette nouveauté faisait passer les suppressions de tournées de 6 à 8… Cerise sur le gâteau patronal, les bulletins d’itinéraire ont été établis par un super algorithme qui a fait n’importe quoi : sens interdits à foison ou 3 tournées desservant le même hameau d’une dizaine d’habitants etc. La magie du numérique dans toute sa splendeur ! Et on ne connaît toujours pas les paramètres permettant de quantifier la charge de travail…

...des postier·es qui ne se laissent pas faire.

Un mouvement de grève, soutenu par SUD et la CGT, était initié le 24 juin puis suspendu après une semaine pour attendre un moment plus propice. Il a repris le 8 juillet, avec une quinzaine de grévistes soutenu·es par leurs collègues resté·es au travail qui ont écrit au maire de Tulle pour lui signifier leur solidarité avec le mouvement.
En 3 jours, les grévistes ont fait feu de tout bois et ont été reçu·es par le député, le président du conseil départemental. Ce mercredi, une rencontre a eu lieu entre le maire de Tulle et le PDG de La Poste, Philippe Wahl. Du côté de la direction locale de La Poste, à part d’immondes provocations (c’est un euphémisme), les grévistes n’ont pour le moment pas eu droit au fameux (fumeux ?) « dialogue social postal ».

« Les salariés qui se suicident, c’est leur choix »

Alors que la directrice se contentait de dire que le mois de juillet serait dur car les paies allaient être réduites, elle laissait ses cadres faire de la provocation et chercher l’incident. A des facteurs qui évoquaient le mal être au travail de nombreux collègues et faisaient le lien avec le procès France Télécom, un obscur contrôleur de gestion répondait que « les salariés qui se sont suicidés, c’était leur choix ». N’ayons pas peur des mots, ce genre de provocation est un scandale, une infamie. Les grévistes ont su garder la tête froide mais ce cadre mérite que l’on souligne ses propos. A n’en pas douter, il s’est senti autorisé à dire cela car La Poste ne sanctionne pas ce genre de déclaration. Elle pratique la même chose que les accusés du procès France Télécom, reste dans le déni sur la souffrance au travail et réorganise ses métiers de façon ultra brutale. Quand les postier·es réagissent elle ne dialogue jamais, il suffit de jeter un œil sur les conflits sociaux en cours.

De Tulle à Montauban en passant par Miélan...le mépris constant.

Sans parler des 15 mois (!) de grève dans le 92, il est devenu évident que La Poste engage un bras de fer sans pitié dès qu’une grève se profile. La direction nationale pare ses restructurations des oripeaux d’un pseudo « dialogue social » mais elle ne trompe personne. C’est la fermeture qui prévaut dans la quasi- totalité des conflits, La Poste veut réduire ses salarié·es à l’impuissance et à la résignation. Les grèves qui dépassent les 30 jours sont devenues monnaie courante et c’est de la seule responsabilité de la direction de l’entreprise. A Miélan, les 4 factrices encore en grève ne demandent pas la lune, mais la précédente restructuration les a épuisé et elles ne veulent pas d’une dégradation supplémentaire. Il aura fallu 49 jours avant que les grévistes de Montauban obtiennent un protocole.

Il est temps de changer de cap !

Pour la fédération SUD PTT, la multiplication des grèves longues est le symptôme d’une dégradation générale des conditions de travail et d’un refus de négocier. Il serait temps pour la société anonyme de revenir à des pratiques plus respectueuses des humain·es qui la font vivre. Nous sommes actuellement dans une situation qui fait écho à celle de France Télécom pendant les années « noires ». Que la direction ne se trompe pas, les grèves sont l’expression d’une volonté de prendre en main son avenir et toujours celle d’un collectif. Lorsque l’on casse ces collectifs, on laisse le champ au désespoir et au choix du pire. Nous ne nous résignerons jamais à cela.

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