Grève des travailleurs sans-papiers de DPD - Après la décision inique du tribunal d’Evry, la lutte continue !

Le 24 novembre, DPD assignait les travailleurs sans-papiers qui tenaient le piquet de grève à l’intérieur du site du Coudray-Montceaux, pour obtenir leur évacuation. Une attitude, il faut le dire, conforme à la position de la direction de DPD France. Contre toute évidence, ses dirigeants nient tout lien entre les grévistes et l’entreprise donneuse d’ordre qu’est DPD.

Et pourtant, la surexploitation des travailleurs sans-papiers est bien une réalité au sein du groupe La Poste. Son PDG Philippe Wahl se félicite régulièrement des profits réalisés dans le secteur du colis, liés à la croissance du e-commerce. Mais, entre les clicks et les livraisons, il y a une réalité humaine et sociale dont le service communication de La Poste ne parle jamais : l’exploitation des travailleuses et des travailleurs du colis. Celle des salarié·e·s de La Poste, fonctionnaires et CDI, dont les conditions de travail ne cessent de se dégrader depuis des années. Mais aussi celle, encore plus féroce, des CDD, intérimaires, sous-traitants. Tout en bas, les plus exploités sont ceux dont la situation est la plus précaire : les travailleurs sans-papiers.

Quand les dirigeants de DPD nient leur existence, ils mentent, en toute connaissance de cause. Après la lutte des travailleurs de Chronopost Alfortville en 2019-2020, après celle des Stuart travaillant au Monoprix de Belleville récemment, qui peut croire à la bonne foi du groupe La Poste ? Le fait que les sans-papiers qui travaillent en son sein le font dans le cadre du système de sous-traitance en cascade qui existe dans d’autres secteurs comme le bâtiment par exemple ne change rien sur le fond. Ce système est utilisé pour diluer les responsabilités des donneurs d’ordre, en leur permettant d’utiliser tous les moyens pour diminuer les coûts de main-d’œuvre. Le fait qu’une entreprise de la taille de La Poste, encore partiellement détenue par l’Etat qui plus est, se livre à de telles pratiques n’en est que plus scandaleux.
L’ordonnance rendue hier par le Tribunal judiciaire d’Evry est donc un véritable déni de justice. En donnant droit à la demande de DPD de faire évacuer le piquet situé sur le parking du site, elle avalise les mensonges de cette dernière. Cela va même plus loin, puisqu’en niant la relation de travail entre les grévistes et DPD, elle leur dénie la possibilité d’exercer leur droit de grève. Concrètement, cela signifie qu’une partie des salariés travaillant pour DPD (les plus précaires de surcroît) est dans l’impossibilité d’user d’un droit censé être garanti par la constitution. Dit autrement, il s’agit d’un encouragement donné au patronat à continuer d’exploiter des travailleurs en s’affranchissant du droit du travail.

Or, quand on s’attaque au droit de grève d’une partie du monde du travail, c’est le droit de grève de l’ensemble des salariés qui est menacé. L’ordonnance précise d’ailleurs que toute occupation, y compris quand elle est le fait d’une personne, « fût-elle salariée et gréviste », est illicite dès lors que cette dernière « [s’introduit] sur une propriété privée sur laquelle elle ne possède ni droit ni titre ». Une position qui répond là aussi aux desiderata du patronat postal, qui multiplie actuellement les procédures pour « violation de domicile » contre des militants syndicaux qui mènent leur action dans des établissements postaux, dans le cadre de grèves ou même de tournées syndicales !
Si les dirigeants du groupe La Poste pensent en avoir fini avec la lutte des travailleurs sans-papiers de DPD, ils vont clairement se casser les dents. La détermination des grévistes reste entière. Ceux qui tenaient le piquet intérieur ont rejoint leurs camarades sur celui situé devant l’entrée du site. La solidarité qui s’exprime en leur direction ne faiblira pas, elle va même s’étendre. Le collectif de soutien dont nous faisons partie et qui compte des organisations syndicales, politiques, des associations se réunit ce soir à la bourse de travail d’Evry. L’heure est tout sauf à la résignation. La lutte continue !

À lire également