Chez Orange, on démantèle et on dégraisse !

Aimiez-vous Orange Cinéma Séries ?

Eh bien l’aventure sera bientôt terminée, puis- qu’Orange a signé en janvier un protocole d’accord pour céder OCS à Canal+ : ses chaînes, son catalogue de 200 coproductions et de 1800 œuvres, sa filiale Orange Studio de coproduction de films et de séries, plus quelques dizaines de millions d’euros.

Et être conseillés dans la boutique Orange près de chez vous ?

C’est fini aussi ! Celle qui était proche de vous a peut-être déjà tiré le rideau, sinon ça pourrait être pour bientôt, à moins qu’elle fasse partie des nombreuses boutiques cédées à la générale de téléphone, la filiale. Ça ne vous dit rien ? Souvenez-vous : Photo Service.

Et dans tout ça, qu’en est-il d’Orange Bank ?

C’est un caillou dans la chaussure de Christel Heydemann, la nouvelle directrice générale du groupe, qui tient à rompre avec l’envie de diversification de Stéphane Richard, son prédécesseur. La banque ne fait pas partie du domaine des télécommunications et Orange n’y arrive pas, il faut s’en débarrasser.

Orange Business, le Titanic ?

En ce moment, c’est surtout d’Orange Business dont il est question, OBS pour les intimes. Christel Heydemann a supprimé le « S » de « Services », logique purement financière oblige : le business avant tout, le reste on verra après ! Il s’agit de la branche d’Orange dédiée aux entreprises. Le problème est qu’au court de la pandémie de COVID-19, le télétravail et les outils numériques se sont beaucoup développés. Par exemple, les entreprises se sont progressivement détournées du téléphone fixe au profit de la téléphonie sur Internet. Même chez Orange, les lignes fixes et les outils collaboratifs des salariés ont été remplacés par une solution concurrente : un comble ! Tandis que les technologies évoluaient à toute vitesse, le dinosaure peinait à suivre la cadence pour s’adapter à un marché pourtant en pleine croissance. Jusqu’ici, le défi ne semblait pas insurmontable pour Orange, classée parmi les dix plus grandes entreprises françaises en 2021, cotée au CAC 40 et rayonnant à l’internationale. Mais pour sa nouvelle direction, la situation est désormais
jugée critique au point de recourir à l’ultime solution : la suppression de presque 700 emplois, une première historique dans le groupe !

Elle dynamite, elle disperse, elle ventile...

Christel Heydemann n’a pas été placée à la tête d’Orange par hasard. Lorsqu’elle était directrice des ressources humaines chez Alcatel-Lucent, c’est 5500 postes qu’elle a supprimés.

Qu’attend l’État pour réagir ?

Il est le premier actionnaire d’Orange et Bercy a soutenu la nomination de Christel Heydemann. D’ailleurs, son conseiller en communication n’est autre que l’ex-conseiller d’Emmanuel Macron à l’Élysée, d’où des méthodes de gouvernance assez semblables. Contre l’avis unanime des représentants du personnel et des experts mandatés, elle a décidé cet automne de fusionner la branche entreprises du groupe appelée SCE (Services Communications Entreprises) avec OBS SA, sa filiale homologue. La direction qualifie cela de « dialogue social de qualité. » Comment justifie-t-elle cette suppression de postes ? Par un scénario de baisse d’EBITDA trop importante. Des solutions alternatives ? Bien sûr que non ! On commence à connaître la chanson par cœur : un déficit hypothétique impossible à combler, un système à sauver, encore des efforts à faire pour les travailleurs, et travailleuses et tant pis pour ceux qui ne seraient pas d’accord, ils devront s’y plier quand même ! Ça y est, faîtes-vous le rapprochement avec ce qui nous réunit dans la rue en ce moment ?

« Lead the future » nouveau plan stratégique d’Orange

Tout ceci n’est qu’une partie de ce qu’il se passe actuellement chez Orange, que sa nouvelle directrice a mis sens dessus dessous. Des efforts, les
salariés en ont fait pendant la pandémie pour maintenir l’entreprise à flot et satisfaire ses clients du mieux qu’ils le pouvaient. Aujourd’hui, en gage de remerciement, ils perdent du pouvoir d’achat avec des augmentations salariales nettement inférieures à l’inflation. Et voilà quelle perspective d’avenir on leur sert, sans parler du moment choisi pour le faire : quelle indélicatesse !

Bientôt la retraite ?

À SCE, précédemment citée et visée par ces suppressions de postes, la moyenne d’âge est de 51 ans... Lorsqu’une entreprise est cotée en bourse, les actionnaires deviennent la seule chose qui compte à ses yeux. La chute des effectifs est vertigineuse, à grand renfort de filialisations, de cessions, d’activités délocalisées à l’étranger et de sous-traitance, avec toutes les conséquences que cela implique sur les conditions de travail des salariés et la qualité de service qui vous est proposée. Orange ne fait hélas pas exception à la règle.

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