La direction de La Poste a présenté les comptes semestriels à juin 2025. Si nous ne préjugeons pas de l’atterrissage en fin d’année, les chiffres sont loin d’être catastrophiques, même si, comme d’habitude, ils se font principalement sur les résultats de La Banque Postale.

Des résultats en nette augmentation

Sur le groupe, les résultats sont donc en plein boum. Avec 719 millions d’euros, c’est une croissance de 45 % par rapport à juin 2024 du résultat net, avec pourtant un chiffre d’affaires en stagnation (-0,03 %) et une dette en repli de 4 %.
Cela s’explique en grande partie par la progression de La Banque qui constitue quasiment 70 % de cette augmentation. En y ajoutant la CNP, celle du pôle bancassurance est supérieure à la totalité du groupe plombé par GEOPOST qui accuse un recul de 77 millions d’euros¹ et La Poste Maison Mère, 81 millions.

GEOPOST : la chute continue

GEOPOST constituait une des vitrines du groupe, mis en avant par la direction depuis des années. Même si la branche de colis express continue d’être un des leaders mondiaux de la livraison de colis, force est de constater que les résultats sont en recul malgré le boum de la période du COVID : le résultat net est en baisse de 235 % et devient négatif, passant de 77 millions d’euros à -57 Md €, plombé par des revers dans les participations et achats internationaux. Si les concurrents de GEOPOST ne sont pas dans une très grande forme également, la course aux investissements de ces dernières années pose très sérieusement question.

BSCC et BGPN des résultat en hausse

Si le chiffre d’affaires de la BSCC a chuté de 5 %, le résultat d’exploitation (REX) est quant à lui en hausse de 195 %. Du côté de la BGPN, les constats sont les mêmes, une diminution du chiffre d’affaires de 5 % et une augmentation du REX de quasiment 10 %. La méthode pour y arriver est principalement la même sur les deux branches : la baisse des charges de 5 % pour la BGPN et de plus de 6 % pour la BSCC.
Et la première victime de cette réduction de « charges », ce sont les emplois et donc les postier•e•s. Côté BGPN, le résultat d’exploitation est en hausse de 5 millions d’euros et les baisses des « coûts » du personnel de 82 millions d’euros. Si nous n’avons pas les chiffres pour la BSCC, soyons sûrs que les impacts sont les mêmes.

Bancassurance : les résultats explosent encore à la mi-année

Le résultat net de la bancassurance progresse de 61 % ; sur la banque seule (sans CNP), c’est une croissance de 89 % ! Si ceux de la banque sont encore négatifs, le bond est spectaculaire. Les réductions des « charges » globales sont de 2 %. À noter que, si les effectifs des CREC sont en baisse constante, la contribution au résultat net de la banque est en augmentation de 52 %.

Des résultats sur le dos du personnel et de l’emploi

Depuis de nombreuses années, ce sont les effectifs du groupe qui subissent le contrecoup des efforts sans vraiment en voir d’effet positif. Du côté de la maison mère, les salaires continuent à stagner. Mais globalement ce sont les emplois et le service public qui font les frais des investissements risqués. Globalement c’est la dégringolade des emplois avec un effort de productivité des postiere•e•s. Il ne faut pas être savant pour deviner que, si les résultats augmentent quand les emplois baissent, c’est que le personnel trime de plus en plus chaque jour : il faut faire plus avec moins et sans en voir la couleur en espèce sonnante et trébuchante.
La direction et certaines organisations syndicales nous sortiront le fameux intéressement. Souvenons-nous quand même que, lors du COVID, la prime fut de zéro.
Ce qui n’est pas rassurant c’est que les patron•nes des branches Banque et Réseau se sont félicité.es de la pression commerciale (CREC et bureau de poste). Pour eux, cela permet de dégager du PNB. Rappelons aussi que les objectifs ne cessent de grimper et que la rémunération variable de baisser.

Du côté du service public, le constat est le même. Les fermetures des bureaux de poste de plein exercice se poursuivent, éloignant la population d’un service public postal complet. Ce constat n’est plus limité au milieu rural ou aux quartiers populaires. Les centres-ville, y compris de grandes villes, en font les frais. Sans compter les sous-compensations des missions de service public. Ce ne sont pas les augmentations continues et exponentielles des tarifs postaux qui vont y remédier².