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Le billet des élu-es SUD au conseil d’administration du groupe La Poste

  • Des résultats qui s’écroulent.
  • Le poids de la Banque de plus en plus inquiétant
  • Des échecs retentissants du côté de GEOPOST
  • La BSCC qui résiste
  • BGPN : on rase gratis
  • Les salarié·e·s trinquent…
  • … mais le service public aussi.

les chiffres et résultats 2023

Le 29 février les résultats 2023 étaient présentés au Conseil d’Administration. Ils sont surtout le reflet d’événements exceptionnels qui ne sont pas imprévisibles, contrairement à ce que prétend la direction du Groupe. L’impact principal est pour le personnel : des négociations salariales au rabais et un intéressement deux fois moins important que l’année dernière

Des résultats qui s’écroulent

A force de triturer les chiffres dans tous les sens les résultats deviennent difficilement compréhensibles. Des décisions qui apparaissaient bénéfiques ont un impact l’année d’après.
(dépréciation des actifs du courrier, prise en compte d’impôts différés qui gonflent artificiellement les résultats ) .
Plusieurs errements stratégiques viennent avant tout impacter les résultats.À force d’acquisitions hasardeuses de filiales à l’international, il fallait bien se douter que cela aurait des conséquences pour le groupe : DPD en russie, Amendes BRT en Italie, vente de Stuart découlant des chocs anglais et espagnols, très mauvais résultats de DPDP en Allemagne depuis plusieurs années, impact de Ninja Van en Asie du Sud est.
Mais c’est aussi les conséquences de choix comme la fermeture de Ma French Bank. En tout cela coute 629 millions d’euros au groupe en 2023.

Résultat, même si le Chiffre d’affaire augmente de 786 millions d’euros, le Résultat net part du groupe (RNPG) passe de 1011 millions d’euros en 2022 à 514 d’euros en 2023, soit une baisse de 50 %. À noter le que la part du chiffre d’affaires à l’international diminue de 1 % alors qu’il avait tendance a croître les années précédentes.

Le poids de la Banque de plus en plus inquiétant

La part de LBP dans les comptes du Groupe augmente depuis des années. Cela devient encore plus le cas depuis la prise de contrôle de la CNP par la Banque Postale. Si son PNB/CA correspond à 21 % du chiffre d’affaires (45% pour GEOPOST) , elle représente 126 % du résultat d’exploitation (alors que GEOPOST reste à 45 %). Pire sur le résultat net c’est plus de 193 % (voir tableau )

La Banque affiche donc plus de résultats que l’ensemble du groupe. Le Président de La Poste y voit la pertinence de l’opération Mandarine. Pour notre part, nous constatons plutôt une sensibilité si extrême que le moindre choc financier provoquerait des difficultés pour l’ensemble du groupe. Au vu des accidents industriels qui se développent chaque année depuis le COVID, cette dépendance pourrait remettre en cause l’équilibre financier du groupe
Autre inquiétude, la banque de détail. Depuis des années, la direction saigne les centres financiers et le Réseau. Cyniquement, cette année la banque se félicite des « maitrises des charges de distribution » : en langage moins technocrate, elle se réjouit de la diminution du nombre de postier·e·s de la maison mère opérant la commercialisation des produits LBP. Tendance qui semble se confirmer pour cette année.

Des échecs retentissants du côté de GEOPOST

Les chiffres de cette année 2023 sont le résultat du crash de GEOPOST. Loin de chocs inévitables, certains auraient même dû être anticipés. Comment par exemple ne pas se douter que la police anti-mafia aurait pu se pencher sur une fraude à l’équivalent de l’URSSAF italienne ?
De la course aux profits, au mépris des droits sociaux et des conditions de travail des travailleur·es à travers le monde, résulte finalement des pertes financières :
La jurisprudence requalifiant à juste titre les contrats des travailleur·euses ubérisé·es en CDI a couté cher à la filiale STUART ;
Autre exemple, l’impuissance de la direction postale dans des filiales aux Emirats Arabes Unis, détenus principalement par un fond souverain ou en encore en Asie du Sud, par des actionnaires chinois.
L’élu SUD au CA avait alerté sur ces questions d’acquisitions internationales pouvant mettre en péril l’entreprise, mais surtout qui pouvait être ressentis comme une volonté impérialiste.

La BSCC qui résiste

La seule « nouvelle moins grave » c’est une branche Courrier à l’équilibre. Mais à quel prix :
Fermeture de Mediaposte sur la partie distribution des IP,
Intégration des médiapostier·e·s qui ne se passent pas aussi bien que voudraient nous le faire croire la direction,
Mise en place de la Nouvelle Gamme de Courrier qui lui a fait économiser plus de 96 millions d’euros cette année, au mépris du service public postal et qui pourrait entrainer à terme des dizaines de milliers de suppressions d’emplois.

BGPN : on rase gratis

Pour cette année, le nombre de minutes (opération) dans le bureau a diminué de 8 % (majoritairement sur les opérations de retrait cash), conséquence des suppressions de bureaux de Poste (-3,5 % des bureaux en 2023, soit presque 300 de plein exercice ). La direction la fabrique en réduisant la voilure et la présence territoriale de La Poste pour l’intégralité de ses opérations. Autre conséquence de ces fermetures, c’est aussi un accès toujours plus difficile à l’ensemble des services postaux qui doivent être rendus aux usager·es et client·es.
Cerise sur le gâteau, alors que la filiale est en positif depuis deux ans, La Poste décide de revendre La Poste Mobile afin de renflouer ses comptes. Les postier·e·s qui ont contribué à rendre cette filiale bénéficiaire seront contents de voir que leurs efforts ne servent que des intérêts capitalistiques des patrons et des actionnaires.

Les salarié·e·s trinquent…

Et les premier·es qui font les frais d’une stratégie hasardeuse et aventureuse ce sont les postier·e·s du groupe et plus particulièrement de la Maison Mère.

ce sont quasiment 6000 emplois de postier·e·s qui auront disparu .
Concernant les rémunérations, es décisions stratégiques ont des conséquences directes : un intéressement divisé par deux. Sans les errements de la direction, celui-ci aurait été entre 600 et 800 euros. Alors évidemment si ces 500 euros bruts sont à prendre, en particulier dans une période d’inflation toujours très forte et de salaires qui collent au plancher. Le yoyo constant des résultats (souvenons-nous de l’intéressement à zéro pendant le COVID) n’en fait pas une rémunération satisfaisante, car non pérennes.

Quant aux négociations salariales, la direction la joue austérité à la sauce Macron. En deux ans, les postier·e·s auront perdu près de 5 % par rapport à l’inflation.

Ce ne sont pas les remerciements compassés aux postier·e·s qui nous rempliront les assiettes et paieront les factures, mais bien de réelles augmentations de salaire.

… mais le service public aussi

C’est plutôt du côté de l’État qu’il faut regarder. Depuis plusieurs années, la sous-compensation par l’état a contribué à creuser la dette du groupe. Sur 13 milliards de dette, ce sont plus de 5 milliards cumulés depuis plusieurs années, imputables à cette sous-compensation. Pour 2023, c’est plus de 800 millions de déficits dus par cette sous-compensation. Et l’état a acté une diminution de ces compensations pour cette année.
Cependant, la direction de La Poste n’est pas innocente dans cette affaire. Elle n’a jamais voulu interpeller les actionnaires, dont l’état, en laissant filer la compensation et a donc contribué à l’aggravation constante. Encore plus scandaleux, il récupère ce qu’elle donne d’une main par les dividendes distribués par La Poste, mais aussi par la CDC. Grossièrement, on pourrait dire que pour 100 millions versés en compensation, l’actionnaire Etat en reprend 55 millions par les dividendes.
De là à y voir une volonté de dégrader les missions de service public pour le réformer en profondeur…
L’année prochaine sera désigné l’opérateur du service universel postal. Cela pourrait être malheureusement le moment pour donner encore des coups de rabots dans ce service public : transfert de certaines opérations du SU au droit commun, resserrement de la grille tarifaire.

Ces résultats 2023 mettent en exergue la faillite d’une politique d’expansion à tout va, notamment à l’international. Depuis des années, ils ne tiennent que par son expansion et non la croissance intrinsèque du groupe. Résultat en cas de tempête (comme on l’a déjà vu avec la guerre en Ukraine, COVID, etc.), les résultats s’en ressentent.
Nos patrons doivent revenir à ce qui faisait la base de ce groupe, un service public pour toutes et tous. Ne pas redresser la barre maintenant aura des conséquences catastrophiques à la fois pour les salarié·e·s, mais aussi pour la population qui en pâtira.

Pour ces raisons l’élu SUD au CA a voté contre l’arrêté des comptes au conseil d’administration du 29 février.

La fédération Sud PTT est membre de 25/27, rue des Envierges 75020 Paris - Tel : 01 44 62 12 00 - sudptt@sudptt.fr - www.sudptt.org
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