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Le billet des élu-es SUD au conseil d’administration du groupe La Poste

  • Après le COVID… business as usual
  • Un bilan social 2019 assez catastrophique sur le groupe
  • Livret A et CNP : deux logiques financières

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Après le COVID…business as usual

La perspective du déconfinement et le choc brutal administré dans la société sont pour la direction l’occasion d’envisager plus de profits en exploitant si possible l’épidémie en train de se dérouler au niveau mondial.
Les dernières réunions du Conseil d’administration ont évolué entre bilan social de l’année 2019 et perspectives pour 2020 sous le spectre du COVID 19. Au vu des débats, on peut d’ores et déjà se rendre compte que le prochain bilan social de 2020 sera, pour le personnel et la qualité de service, au moins aussi catastrophique que celui de 2019…



Un déconfinement à la sauce auto congratulation !


La direction dresse un bilan globalement positif du retour au travail des personnels alors que les absences restent assez élevées dans les services. Elles sont principalement liées aux gardes d’enfants : entre 10 % et 40 % selon les branches. La chute du courrier continue… comme la hausse du colis ! La direction considère que le contexte de peak period due au confinement continue (+30 % d’augmentation de volume par rapport au budget établit l’année dernière). Elle en a profité pour imposer des réorganisations à marche forcée au courrier. Elle envisage également une extension du télétravail puisque, pendant le confinement, nous sommes passés de 4 000 télétravailleurs à 40 000 en moins de deux mois. Or, La Poste n’ayant pas tous les équipements nécessaires, certains collègues, pendant le COVID, sont allés jusqu’à utiliser leurs propres téléphones, sans rechigner. Malgré cela, aujourd’hui encore, les directions parlent de travail à distance (et non de télétravail), de manière à ce que celles et ceux qui se sont pourtant adaptés au plus vite ne puissent pas bénéficier des mesures de l’accord, notamment pécuniaires ; drôle de façon de reconnaître les efforts faits par les postier·e·s pour continuer, coute que coute, l’activité de l’entreprise… C’est en particulier le cas pour les gardes d’enfants où il leur a parfois été demandé de faire du télétravail en même temps. Par ailleurs, dans d’autres services, des managers ont été totalement intrusifs : ils ont cherché à savoir si le-la conjoint·e des collègues n’était pas en télétravail pour pouvoir s’occuper des enfants. Une attitude démontrant la perception que certains managers peuvent avoir du télétravail. À ce jour, il existe encore de grosses inquiétudes sur les gardes d’enfants cet été sur l’ouverture de nombreuses structures d’accueil comme les centres de loisirs.

Un bilan social 2019 assez catastrophique sur le groupe


Il est toujours difficile de naviguer à travers les chiffres du bilan social sur le groupe, la direction mélangeant allégrement des chiffres sur la maison mère ceux sur la totalité du groupe sans le préciser…
Quoi qu’il en soit, les effectifs continuent de baisser. SI ce ne sont pas des licenciements collectifs de personnel, les suppressions de poste continuent sur le même rythme, voire s’accélèrent. Sur le groupe, on compte 2000 postes en moins (4 000 départs de et seulement 2000 recrutements), principalement sur la branche courrier. Pour la première fois en 4 ans, le nombre d’embauches est en baisse de 9 % par rapport à 2018, avec 775 recrutements en moins. Et pourtant, le nombre des départs atteint un niveau historique avec 13 000 personnes. Parmi les départs, les démissions sont en hausse constante depuis 2015, atteignant 2 447 personnes cette année, alors que le nombre de postier·es baisse depuis des années. Ces démissions qui représentaient 15,23 % des causes de départ en 2017 sont passées à 18,82 %. Les licenciements continuent à augmenter fortement passant de 876 personnes à 1 078, soit une hausse de 23,06 %. Ces deux indicateurs sont inquiétants, ils démontrent un malaise dans l’entreprise.
Alors que la direction nous fait tout un discours de façade sur la qualité du service rendu au client, le recrutement de chargé·es de clientèle au Réseau et dans les services financiers a baissé de 50 % et celui de conseiller·es bancaires de 25 %. Or, La Banque Postale est la banque de détail dont le nombre de clients par portefeuille de conseiller·es est le plus élevé y compris pour la clientèle patrimoniale. Alors, comment rendre un service de qualité dans de bonnes conditions quand le personnel diminue d’année en année ? La Branche Courrier-Colis n’est pas en reste puisque depuis deux ans c’est une baisse de plus de 10 des recrutements.

Après une baisse l’année dernière, les taux d’accidents du travail et de leur gravité reprennent leur rythme « habituel » pour remonter. Si le nombre d’accidents est en baisse, le taux de fréquence progresse à cause de la baisse des effectifs. On note aussi l’augmentation importante du nombre de jours d’arrêt chez les femmes, passant de 301 409 à 314 319 jours annuels. Dans le même temps, il baisse un peu chez les hommes, passant de 188 226 jours à 185 542 jours. La hausse importante du taux de gravité chez les femmes passe de 1,74 à 1,85, quand chez les hommes la progression est de 0,01 point (1,15 à 1.16). Le taux global est de 1,51 ; taux jamais atteint depuis au moins 2015 ! Il n’est pas possible qu’une entreprise comme La Poste ne prenne pas mieux en compte ces risques d’accident. Dans ce domaine aussi, ce sont les femmes les plus touchées, et elles doivent parfois supporter les conséquences de ces accidents durant toute leur vie personnelle, ce n’est pas acceptable.
L’emploi reste un problème important de La Poste sur la maison mère. Alors que les plans sociaux se multiplient, notre entreprise n’est pas en reste, en profitant même de cette période pour casser les contrats des intérimaires et des CDD notamment au courrier.


Acheter toujours acheter


Le personnel subit des réorganisations sous couvert de perte de chiffre d’affaires, mais pour acheter, la direction sait trouver de l’argent ! Elle vient d’acheter Arkineo (filiale du groupe CDC) qui procède à de l’archivage numérique. Et La Poste envisage dès à présent d’acquérir une nouvelle fois des filiales de colis à l’étranger. Après l’achat de BRT, entreprise italienne de colis pour un plus de 1 milliard d’euros, elle lorgne sur deux filiales du groupe OTTO au Royaume uni et en Allemagne qui pourraient encore atteindre des sommes astronomiques.
Et elle ne s’arrête pas là… La Poste lorgne maintenant sur la e-santé et de la dépendance (nous y reviendrons dans une prochaine newsletter) estimant que ce secteur est encore plus opportun suite à la crise du COVID puisque le gouvernement a décidé de débloquer des fonds pour venir en aide à ce secteur sinistré.
La question de l’opportunité des achats, notamment sur la question de colis quand les services rendus aux populations dans chaque pays ne sont pas à la hauteur. La vocation de La Poste n’est pas de monter une multinationale, mais de rendre un service public au plus près de la population. La direction veut nous faire croire que la seule option consisterait à s’étendre partout, pourtant il y a d’autres choix…

Livret A et CNP : deux logiques financières


Durant les dernières semaines, deux annonces ont surgi dans les médias : d’un côté, l’épargne sur le livret A connaissait une hausse record durant le confinement, de l’autre, la CNP accusait des pertes suite à cette même crise sanitaire. D’un côté, la population plébiscitait l’épargne populaire utile, de l’autre la CNP subissait les heurts des marchés.

Derrière ces deux annonces, deux logiques financières s’affrontent ; une portée par la population et l’autre portée par les établissements bancaires. Alors que les actionnaires et la direction de l’entreprise publique se félicitaient de la concrétisation du projet Mandarine et nous vendaient la création d’un pôle public financier (pôle qui en fait servait de bras armé de l’État pour cacher son incurie en matière de service public), la réalité des crises rattrapait les établissements bancaires, sanctionnant leur désir d’une course au profit dans un temps court.

Un plébiscite de l’épargne populaire

En mai, les résultats sont là : le livret A a connu son plus fort taux de collecte depuis 2013. En six mois avec le LDDS, les deux produits d’épargne ont dépassé le montant de collecte de l’ensemble de l’année 2019.
Ce succès confirme une nouvelle fois la confiance de la population pour ce produit d’épargne qui permet d’avoir aussi de l’argent disponible. Une épargne que le patron de la CDC a jugé trop excessive.

En 2020, la direction de la CNP a décidé de basculer les fonds en euros vers des Unités de compte (bourse). Si les premiers sont peu rémunérateurs, ils sont pourtant garantis. Pour les deuxièmes, on bascule dans un risque maximum : le krach boursier en mars suite au coronavirus et la crise du pétrole ont sanctionné de fait les choix de la nouvelle filiale de La Banque Postale. Le chiffre d’affaires de la CNP a reculé de 17 % à fin mars. Là encore, ce sont bien les choix stratégiques de l’entreprise qui ont été sanctionnés. À vouloir faire toujours plus de profits, en se tournant vers des fonds potentiellement rémunérateurs, le retour de bâton était prévisible. Si la direction a décidé de se tourner vers des fonds moins risqués, la filiale assurantielle a mis le doigt dans l’engrenage .

ET les frais bancaires…

Pendant ce temps, le Crédit Mutuel de Strasbourg annonce la suppression de l’ensemble des frais bancaires pour ses clientèles fragiles. Même si cette annonce est très importante pour ceux qui vont en bénéficier, nous savons qu’il s’agit avant tout d’une opération de communication pour la banque alsacienne et la comparaison entre la banque régionale et La Banque Postale en nombre de clients fragiles, est difficile. Pourtant, cela pose la question du rôle de cette dernière, qui se veut citoyenne, envers sa clientèle la plus fragile financièrement.

Alors que les médias se font le relais de rachat dans le domaine de la banque privée ou de la fusion NATIXIS/LBP dans l’Asset Management, la question du rôle social de LBP reste d’actualité, au moment où le chômage va connaître un bon bond extraordinaire suite à la crise sanitaire. Or la tendance à LBP pour l’instant c’est de continuer à augmenter drastiquement ces frais bancaires y compris ceux dus à des incidents de paiement pour des clientèles fragiles. Exit le rôle social et bienvenue à « on augmente le PNB 1 » quoiqu’il en coûte aux clients de la banque. Cette politique est d’ailleurs largement cautionnée par la Fédération Française des Banques qui pleure toutes les larmes de son corps sur le coût de la crise pour les activités bancaires.

Alors que se profile une crise économique d’ampleur dans les prochains mois, l’utilité d’une banque au service de la population sera d’autant plus nécessaire. Pourtant les dirigeants sont dans la recherche des profits maximum, dans les seuls intérêts des actionnaires dont les projets et objectifs sont toujours aussi flous.
Si pôle financier public il y a, ce ne pourra être qu’au service de la population. C’est cette nécessité qu’a notamment pointée le collectif « convergence des services publics ». SUD PTT est prêt à s’investir pour qu’émerge enfin une vraie banque au service de la population dans les faits et non pas dans des paroles sans lendemain.

La fédération Sud PTT est membre de 25/27, rue des Envierges 75020 Paris - Tel : 01 44 62 12 00 - sudptt@sudptt.fr - www.sudptt.org
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