TELEPERFORMANCE : début des négociations d’un accord de rupture conventionnelle collective

Face à l’arrêt programmé de plusieurs contrats d’opérateurs télécoms en France, la direction de Teleperformance – leader mondial des centres d’appels - attend d’être au pied du mur pour sauter sur l’occasion des ordonnances Macron et leurs nouvelles « ruptures conventionnelles collectives » (R.C.C.).

Les syndicats de Teleperformance France ont été convoqués le 30 janvier pour l’ouverture des négociations.

Hors de question pour leur image d’annoncer un nouveau Plan Social, après les fortes luttes des salariés au début des années 2010. Mais miracle : grâce à une R.C.C., les salariés seraient formellement « volontaires », la réorganisation qui s’en suivrait ne relèverait donc pas de la responsabilité des dirigeants de l’entreprise. Derrière cette fiction juridique, la réalité est toute autre : au delà du nombre des licenciements eux-mêmes (236), ce sont bien des centres et des services entiers qu’il est prévu de déstructurer.

La réorganisation s’attaque ainsi à des cibles bien précises : services informatiques, services généraux, formation, encadrement de proximité, qui ne « répondraient pas aux standards du Groupe ».

Des départs seraient ouverts à certains conseillers téléphoniques, mais rigoureusement ciblés sur 5 des 13 centres en France (Montigny, Montpellier, Belfort, Toulouse et Lyon).

Comme le prédisait déjà SUD lors de la mobilisation contre les ordonnances, les patrons nous prouvent très rapidement qu’ils comptent s’emparer du cadre « conventionnel » négocié de la R.C.C. pour contourner leurs obligations liées aux licenciements économiques.

Après la fusion en 2009 de l’ensemble des filiales françaises (8900 salariés dont 10% d’intérimaires), suivie de deux plans sociaux en deux ans (1100 postes supprimés), il ne reste plus, fin 2017, que 2600 salariés (dont 23% d’intérimaires). Pas de faute de frappe : depuis 2011, 5000 départs que Teleperformance a théorisé sous le terme « d’attrition naturelle ». En fait, le « naturel », ce sont des salariés poussés vers la sortie par la pression productive et managériale, d’autres contre lesquels sont montés des dossiers de licenciements « disciplinaires », souvent trop dégoutés ensuite pour avoir le courage de monter un dossier prud’hommes.

Quand il s’agit de s’enorgueillir face aux actionnaires, Teleperformance met clairement en avant son modèle : une construction des richesses qui se nourrit ouvertement de la mise en concurrence entre les salariés, entre les centres, entre les pays. Quand il s’agit d’expliquer la situation aux salariés et leurs représentants, par contre, il ne faudrait voir dans la situation que « l’évolution du marché », le « choix des donneurs d’ordre », etc.

Avec toujours le même objectif : masquer leurs propres responsabilités. Face à ce double-discours, toutes les alternatives à un tel plan de démantèlement doivent être étudiées : c’est le rôle de la consultation du Comité d’Entreprise. Précision : cette « formalité » est obligatoire pour un Plan de Départ Volontaire ou un P.S.E, mais le gouvernement en exonère les patrons qui trouvent des syndicats prêts à signer une R.C.C.

Daniel Julien, fondateur à Paris en 1978 de cette start-up qui a beaucoup grandi, a repris les rennes du Groupe en octobre, mais apparemment l’avenir des salariés en France ne semble pas beaucoup le préoccuper. Derrière la belle success-story Teleperformance, il y a depuis toujours cette même ‘potion magique’ que Macron veut nous administrer avec ses ordonnances : précarisation du travail, mépris des droits des salariés avec toujours la recherche de « partenaires sociaux » dont le rôle serait de faire passer la pilule.

SUD ne sera pas de ceux-là : nous appelons les salariés à se mobiliser, hors de question d’aider cette direction à fuir ses responsabilités.

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