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Le billet des élu-es SUD au conseil d’administration du groupe La Poste

  • Bilan social 2015
  • La Banque Postale

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Bilan social 2015

Réagir, vite !


Depuis des années, le constat lié au bilan social est identique, le malaise social rampant est toujours là, toujours présent. Pourtant, la direction de La Poste reste dans le déni et ressert chaque année les mêmes arguties pour masquer l’évidence et valoriser son action. Cette année ne fait pas exception à la règle.

Pendant des années, les dirigeants de La Poste ont connu une trouille bleue, celle de se voir comparés aux dirigeants de France Télécom. Cette situation a connu son paroxysme en 2012, ce qui a incité Jean-Paul Bailly à lancer le prétendu grand dialogue et le rapport de son ami Kaspar… Depuis, cette crainte est moins présente, une situation paradoxale puisque les ex-patrons de France Télécom sont renvoyés devant les juges. Ils devront répondre, en correctionnelle, de harcèlement moral pour la période 2007 – 2010. Plutôt que de chercher des arguments moins convaincants les uns que les autres pour masquer une situation de plus en plus préoccupante, nos patrons seraient mieux disposés à chercher et trouver des solutions permettant aux postier-es de travailler dans des conditions acceptables ! Car oui, tous les critères de ce bilan social sont dans le rouge, notamment celui de l’absentéisme pour maladie, le critère le plus parlant pour ce qui concerne la santé sociale d’une entreprise. Voyons cela…

Critère déterminant


Tout-es les professionnel-les travaillant sur l’entreprise considèrent que l’absentéisme pour maladie est l’élément le plus illustrant de l’état du personnel. Il s’agit maintenant d’un fait reconnu : le taux d’absentéisme est en corrélation avec les conditions de vie au travail. Fait reconnu… sauf pour les patrons de La Poste ! Plutôt que de tenir compte de la situation afin d’y trouver des réponses, ils préfèrent s’enfermer dans le déni ! Selon eux, certes, le niveau d’absentéisme est élevé mais la cause est toute trouvée : le vieillissement des postier-es ! Depuis des années, la même rengaine nous est resservie à l’identique. Ces messieurs-dames ne font vraiment pas preuve d’imagination ! Ils et elles en font d’autant moins que chaque année, leurs propres chiffres infirment leurs déclarations !

Très préoccupant !


Le taux d’absentéisme s’élève à 6,65 (en progression de 4,40 % par rapport à l’année précédente). En comparaison, ce taux s’élève à 4,59 en moyenne dans l’ensemble des entreprises en France, il est donc supérieur de 44,88 % à La Poste ! Le même constat peut être tiré pour ce qui concerne le nombre de jours d’arrêt maladie par an et par agent. A La Poste, il culmine à 25,1 jours (en hausse de 5,06 % par rapport à 2014) alors qu’il se situe à 16,6 jours en moyenne dans l’ensemble des entreprises. Ces chiffres sont d’autant plus préoccupants qu’ils sont en constante augmentation depuis des années, et cela dans tous les métiers et pour toutes les catégories de personnel.

Affirmer, comme le font nos patrons, que le vieillissement des postier-es est la cause de cette situation est totalement irresponsable ! En effet, si le vieillissement était la cause de cette évolution, le taux d’absentéisme devrait progresser plus fortement chez les fonctionnaires que chez les salarié-es, leur moyenne d’âge étant plus élevée. Or, depuis des années, nous assistons à l’inverse. En 2015 encore, ce taux augmente de 3,80 % chez les premiers et de 5,19 % chez les salarié-es… Les chiffres parlent d’eux-même !
L’autre argument régulièrement avancé par la direction réside dans le grand nombre d’arrêts de longue durée. Grossièrement, elle tente de faire passer le message que les postier-es sont touché-es par des maladies graves et longues, des maladies de vieillesse, en somme ! Nos patrons oublient un peu vite que ces longues maladies peuvent tout aussi bien être liées à des états dépressifs, conséquence d’un mal être au travail. Régulièrement, les administrateurs-trices de Sud, mais aussi des administrateurs non représentants du personnel, réclament une étude sur cette situation… sans jamais que la direction n’y réponde ! Enfin, en 2015, le nombre d’arrêts de moins de 30 jours a progressé de 2,87 % alors que celui des arrêts de plus de 90 jours a baissé de 1,55 %... Aucun commentaire de la direction !

Des mesures, il y a urgence !


En 2012, après le prétendu grand dialogue et le rapport Kaspar, la direction de La Poste annonçait des mesures dont le but était, prétendument, d’améliorer le bien-être au travail. Début 2013, avec certains syndicats, un accord intitulé "Qualité de Vie au Travail" était conclu. Un de ces objectifs était de faire baisser l’absentéisme pour maladie. Un autre accord, début 2015, enfonçait le clou : "un avenir pour chaque postier". Il est donc temps de tirer les bilans. Ce ne sera pas pour nous étonner mais ils sont catastrophiques. Non seulement l’absentéisme n’est pas jugulé, mais il continue sa progression !

Pour éviter une crise sociale majeure, l’urgence est de prendre des mesures immédiates. Elles doivent concerner prioritairement l’emploi (cesser de considérer le personnel comme un coût), les restructurations à marche forcée et l’arrêt du management par les stress !

La Banque Postale

Fausse route !


La direction de La Banque Postale s’égarerait-elle ou, plutôt, n’engage-t-elle pas l’établissement sur un terrain marécageux ? Un territoire bien éloigné des valeurs toujours officiellement revendiquées par les patrons de LBP et du Groupe La Poste. Ces dernières semaines, deux informations, parues dans la presse, peuvent le laisser penser ! Il s’agit d’un article de Bastamag, media Internet indépendant, relatif à l’intrusion d’un de ses journalistes dans un séminaire de La Banque Postale, et d’une information relative à une amende sanctionnant un défaut de conseil.

Engagement social ? ouais…, ouais… !


Tout d’abord, faisons un retour sur le contexte. Lors de la création de La Banque Postale, il y a maintenant 10 ans, les gouvernants, comme les patrons de La Poste, se voulaient rassurants. Selon eux, si l’évolution des services financiers en banque classique était une nécessité, cela ne signifiait aucunement que cette banque serait comme les autres. Ils s’engageaient alors à conserver les "valeurs identitaires des services financiers de La Poste, l’accessibilité à tous, une facturation très compétitive"… La signature de la nouvelle banque était censée refléter cette ambition : une banque comme une autre pour demeurer un établissement pas comme les autres.

Comme souvent dans les coups de communication, le message reste bien flou. Quelle banque, ou n’importe quelle entreprise, aurait intérêt, lors de sa création, d’affirmer qu’elle arrive pour effectuer simplement ce que font déjà les autres ? Elle a, au contraire, tout intérêt à se démarquer, quels que soient ses objectifs ! Il en va de même avec sa nouvelle signature « la banque citoyenne ». Concrètement, quels sont les effets de cette affirmation ? Sur cette question aussi, n’importe quelle banque peut s’affirmer citoyenne… Il suffit de regarder, par exemple, la publicité du Crédit Mutuel… Oui, le Crédit Mutuel, qui réalise 44 % de ses résultats à l’étranger dans des paradis fiscaux, selon une étude récente !

Il est également intéressant de se remémorer la montée en gamme de La Banque Postale dans le marché des crédits aux particuliers. La raison officielle de la création de La Banque Postale était que le statut des services financiers de La Poste ne permettait que de disposer des crédits immobiliers avec épargne préalable. Pour leur permettre de proposer des crédits sans épargne préalable, leur évolution en banque classique (avec agrément des instances réglementaires et statut de droit privé) était indispensable.

Toutefois, les autres banques exerçaient une telle pression que les crédits à la consommation n’entraient pas dans la gamme de LBP. Cela serait effectif lors d’une deuxième étape, en 2009, et, en contrepartie, LBP et les Caisses d’Epargne perdaient leur duopole sur la distribution du livret A. Dans le même temps, les banques ont pu garder une partie des fonds collectés par ce livret d’épargne au détriment d’une centralisation à la Caisse des Dépôts afin d’assurer le financement du logement social. Enfin, pour rassurer tout le monde, Christine Lagarde, alors ministre des finances et tutelle de La Poste, n’autorisait pas LBP à développer les crédits renouvelables (ex revolving). Devant la commissions des affaires économiques de l’Assemblée Nationale, Jean-Paul Bailly, alors PDG de La Poste, déclarait alors : « ne pas proposer de crédit renouvelable afin de ne pas pousser à l’endettement »… !

2012, changement de tableau ! La Banque Postale est autorisée à se lancer sur le marché des crédits renouvelables. Une nouvelle fois, les patrons de La Poste comme sa tutelle vont rester très précautionneux. Selon eux, LBP ne copiera pas les autres banques, souvent et justement décriées ! Au contraire, son rôle s’apparenterait plus à une action de moralisation de cette activité. Lors d’une séance du Conseil d’Administration, un représentant de l’Etat déclarait même que La Poste étant vertueuse, sa présence sur ce marché ne pouvait être que bénéfique ….

« Vous allez vous gavez ! »


Cette déclaration est l’œuvre du président du directoire de La Banque Postale Financement (il s’agit de la filiale de LBP chargée de tout ce qui concerne les crédits à la consommation. Elle est détenue à 65 % par LBP et 35 % par la Société Générale) devant des conseiller-es bancaires de l’Isère lors de la présentation du PACS (Plan d’Action Commercial et Social) de ce département. Une simple phrase qui illustre parfaitement les orientations de LBP pour ce qui concerne le crédit consommation, et nous sommes à 1 000 lieux des bonnes intentions répétées il y a quelques années, des bonnes intentions qui n’ont jamais été accompagnées de décisions ou de mesures concrètes, convenons-en !

Le journaliste de Bastamag, infiltré dans cette sauterie, a relevé bien d’autres dérapages du même individu. Nous ne reprendrons qu’une seule intervention, suffisante pour décrire le problème auquel nous sommes confrontés : « Il faut toujours aller chercher plus haut que ce que son client demande. S’il demande 8 000 euros pour une voiture, elle coûte sûrement 10 000 alors faites lui emprunter 10 000… et puis faites rajouter un toit ouvrant, et puis la peinture métallisée, et puis l’accroche de la caravane, et puis la caravane…. Et ce qu’il ne faut pas oublier, c’est que la clef d’un crédit à la consommation, c’est qu’un client qui y a goûté, il y retourne toujours… ». Toujours selon lui, « Il y a 21 milliards d’euros chez les clients à aller chercher… on va s’éclater en 2016… ça va être du bonheur ». Affligeant !

De tous points de vue, ces interventions, illustratives d’une orientation, sont inacceptables. Tout d’abord, elles entrent totalement en contradiction avec les engagements du ministère de tutelle et des dirigeants de La Poste et de La Banque Postale. Il s’agit plutôt d’une caricature de ce qui peut se faire de pire dans ce type d’activité. Il s’agit de pousser les utilisateurs/trices à surconsommer, les inciter à contracter des crédits qu’ils auront le plus grand mal à rembourser. D’ailleurs, quel cynisme de la part du patron de LBP Financement lorsqu’il déclare que « la clef d’un crédit à la consommation, c’est qu’un client qui y a goûté, il y retourne toujours… » ! La bonne question serait de savoir pourquoi il y revient… Dans la quasi-totalité des dossiers de surendettement, la cause principale de la situation réside dans l’accumulation des crédits renouvelables. En effet, les personnes sont prises dans une spirale infernale et sont contraintes de contracter des crédits pour simplement tenter d’honorer les traites d’autres crédits… C’est ça le modèle de La Banque Postale ? ! Ce qui est déjà révoltant pour une banque classique l’est encore plus pour une banque qui prétend défendre une idée du service public, notamment à travers l’accessibilité bancaire.

De plus, au-delà de l’aspect déontologique ou éthique, pour reprendre des mots à la mode, une telle attitude est à l’opposé du discours relatif à la priorité qui doit être donnée au client ! Pour le coup, il s’agit de lui donner sciemment un conseil contraire à son intérêt et dont les conséquences peuvent être très graves. Un défaut de conseil haut de gamme, en quelque sorte ! Ce problème est d’autant plus inquiétant que ce ne serait pas la première fois que La Banque Postale se ferait épingler…

La Banque Postale condamnée !


L’AMF (Autorité des Marchés Financiers) a, le 22 juin, infligé une amende de 1,5 million d’euros pour insuffisance d’informations concernant la commercialisation d’un fonds commun de placement (FCP).
En 2006, La Banque Postale commercialise deux FCP (Progression et Progression 2006), ces deux produits étant composés d’actions et d’obligations. Ils garantissaient, normalement, un capital au bout de 8 ans de détention. Petit problème, ces fonds ont connu de grandes difficultés en 2011, lors de la crise des dettes souveraines. Devant cette situation, de nombreux détenteurs de ces produits ont décidé de sortir de ces fonds. Il est alors reproché à La Banque Postale de ne pas les avoir, ou pas suffisamment, informés des conséquences d’une sortie anticipée. Pourtant ces conséquences ne relèvent pas du détail puisque les pertes pour les clients ont pu atteindre 30 % des fonds exposés !

Comme pour le crédit à la consommation, une telle attitude de la part des patrons de La Banque Postale a de quoi étonner. En effet, ils ne cessent de répéter sur tous les tons qu’il faut adopter une « attitude 100 % client », cela fait plutôt désordre ! De plus, au-delà même de l’amende, c’est l’image de La Banque Postale qui en prend un coup. Cela est d’autant plus vrai que ce n’est pas une première, souvenons nous de Benefic ! Nos patrons aiment souvent expliquer l’importance de la confiance. Comment une banque peut-elle inspirer confiance et attirer des utilisateurs si son conseil est à prendre avec des pincettes ? ! Enfin, force est de reconnaître que, sur le terrain, la hiérarchie n’est pas tendre avec les conseiller-es bancaires… Combien de licenciements sont prononcés chaque année pour insuffisance professionnelle, pour défaut de conseil … ? En conséquence, on peut s’autoriser à se questionner sur les conséquences de la présente affaire pour nos patrons !

Enfin et surtout, il est grand temps que ces dérapages soient utiles à quelque chose. Par exemple, ils pourraient pousser les patrons de La Poste et leur tutelle à recadrer les missions de cet établissement financier !

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